Jean-Louis Malys, secrétaire national chargé de la lutte contre les
discriminations revient sur l'engagement de la CFDT contre l'homophobie.
Qu’est-ce que la tuerie d’Orlando, pendant laquelle 49 personnes ont été assassinées dans une boîte de nuit gay de cette ville de Floride, au début juin, révèle de la haine vis-à-vis des homosexuels ?
Il s’agit du
massacre de masse le plus effroyable de l’histoire moderne des
États-Unis, un pays dans lequel, il semble nécessaire de le rappeler,
les armes circulent librement et où le fait de s’armer est un droit
constitutionnel. Cela n’en constitue pas une circonstance atténuante.
D’ailleurs, face à de tels assassinats, il faut surtout ne jamais
banaliser. L’attentat visait incontestablement la communauté
homosexuelle. Tous les intégristes religieux, quels qu’ils soient, ont
toujours eu comme cible l’homosexualité. Sans que l’on en parle dans les
médias, des assassinats d’homosexuels sont commis par des islamistes
partout où ils sont au pouvoir. Chercher des explications ? Y en
a-t-il ? Ce sont des discours de haine qui se traduisent par des actes
inqualifiables. Le terrorisme islamiste semble prendre pour cible, l’un
après l’autre, des symboles de nos démocraties : les journalistes, les
jeunes, les policiers, la communauté juive, aujourd’hui les gays... Une
manière, de la part de Daech, de bien montrer qui sont ses adversaires.
Qui sont, au fond, des incarnations de notre capacité de vivre ensemble.
Peut-on craindre un regain de violences homophobes ?
D’une façon générale, la cause homosexuelle progresse. Les mentalités et la société, globalement, ont évolué. Le mariage entre personnes de même sexe y a contribué. Il est entré en vigueur dans de nombreux pays, et d’ailleurs de manière beaucoup plus pacifiée qu’en France, où nous avons vécu des paroxysmes de conflits autour de l’adoption de la loi sur le mariage pour tous. Les violences homophobes sont le fait de personnes qui ne supportent pas ces signes d’ouverture...
Mais les discriminations et les violences homophobes sont encore très nombreuses, révèle le rapport de SOS homophobie1…
En effet, rien n’est réglé. Le combat se poursuit. Et notamment, pour ce qui nous concerne, dans le monde du travail. Dans ce domaine, nous avons deux légitimités à agir : au titre de notre histoire et de nos valeurs, dans la mesure où nous avons été souvent la première organisation syndicale engagée dans la lutte contre les discriminations, quelle qu’en soit l’origine (ethnie, orientation sexuelle, genre, etc.). Notre légitimité vient ensuite de notre présence dans les entreprises et les administrations. Bien sûr, c’est un sujet toujours sensible, y compris chez nos militants. Il existe toujours des préjugés. Nous devons aussi tenir compte des convictions de chacun. Mais il faut dépasser cela. Le combat contre l’homophobie, c’est l’affaire de tous. Pas uniquement celle des personnes concernées. Pour porter ce message, la CFDT est présente cette année, comme depuis plusieurs années déjà, dans toutes les marches des fiertés organisées dans une vingtaine de villes françaises.
D’ailleurs, pour renforcer son action dans ce domaine, la CFDT vient de signer un partenariat avec le Ravad2.
Je suis très fier que la CFDT soit la première organisation syndicale à signer ce type de partenariat, qui nous permettra, en bénéficiant de l’expérience et de l’expertise du Ravad, une meilleure prise en charge de ces questions. Nous allons également publier, début septembre, dans la collection « Vivre ensemble et travailler ensemble », un guide sur la prévention de l’homophobie au travail. Nous devons donner des outils à nos militants pour aborder ces questions.
2. Ravad : Réseau d’assistance aux victimes d’agressions et de discriminations. www.ravad.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire