jeudi 28 septembre 2017

[Entretien] “Le gouvernement envoie des signaux inquiétants”

Publié le 27/09/2017 à 13H44
Réforme du code du travail vers moins de dialogue social, débat démocratique écarté, frein aux pouvoir d'achat des fonctionnaires et des retraités : les projets de l'exécutif ne vont pas dans le sens espéré vers davantage de justice sociale. Pour la CFDT, des défis de taille s'annoncent. Laurent Berger répond aux questions de la rédaction.
Cette rentrée sociale a été marquée par la promulgation des ordonnances qui réforment le code du travail. Tu as regretté une « occasion manquée » de renforcer le dialogue social dans notre pays. Que retenir alors de cette première réforme du quinquennat  ?
Ni casse sociale ni coup d’État social, comme certains voudraient le faire croire, cette réforme du code du travail n’en reste pas moins déséquilibrée. Les mesures de flexibilité contenues dans les ordonnances répondent à une vieille lune patronale qui estime que faciliter les licenciements serait bon pour l’emploi. Cette analyse est non seulement fausse, mais elle risque de précariser davantage une partie des salariés.
Pour la CFDT, cette première réforme est surtout une occasion manquée : le gouvernement avait dit vouloir renforcer le dialogue social dans les entreprises, avec les garde-fous de la branche et du code du travail, pour en faire un outil au service de l’emploi et de la croissance économique. C’est un objectif que la CFDT partage. Le problème, c’est qu’il ne donne pas au dialogue social les moyens de se déployer.
Qu’est-ce qui pose le plus problème  ?
Le gouvernement a refusé de rééquilibrer la relation entre employeur et salariés en favorisant la présence syndicale dans les petites entreprises. Dans celles de moins de vingt salariés, l’employeur pourra décider seul. Il devra juste consulter ses salariés. On voit bien les pressions qui pourront s’exercer. C’est inacceptable. Un tiers des salariés français n’aurait pas le droit d’être représenté et défendu par des syndicats pour faire face à la pression de leur employeur  ?
Dans un premier temps, le gouvernement souhaitait même se passer du syndicalisme dans
les entreprises comptant jusqu’à 300 salariés. Nous nous sommes battus tout l’été pour qu’il revienne sur cette décision. Il ne faut pas oublier d’où nous partions au début de l’été et à quel point le travail de la CFDT et d’autres organisations syndicales a permis d’infléchir le projet gouvernemental ! Bien sûr, c’est plus difficile à expliquer aux salariés que de brandir des slogans.
 C’est dans les entreprises que nous devons nous mobiliser, pour faire prendre conscience à tous les salariés qu’il faut faire confiance au syndicalisme et développer un véritable dialogue social.
Pourquoi ne pas avoir appelé à aller dans la rue  ?
Manifester n’est pas un tabou à la CFDT et nous ne nous l’interdirons jamais. Mais nous le faisons quand nous le jugeons utile. Emmanuel Macron avait annoncé ces mesures pendant sa campagne. On ne peut pas lui contester sa légitimité. Je pense même que si nous avions appelé à aller dans la rue, cela aurait été un joli cadeau à ceux qui veulent caricaturer une fois de plus le mouvement syndical. Défiler dans la rue en cette rentrée aurait sans conteste permis une forme de soulagement collectif. Mais pour quelle efficacité  ? C’est dans les entreprises que nous devons nous mobiliser, pour faire prendre conscience à tous les salariés qu’il faut faire confiance au syndicalisme et développer un véritable dialogue social. Tous les employeurs ne partagent pas la vision rétrograde portée aujourd’hui par les organisations patronales.
Le gouvernement annonce de nouvelles réformes sociales dans les mois à venir 
dont celles de l’assurance-chômage et de la formation professionnelle. Est-ce raisonnable de vouloir transformer notre modèle social à un tel rythme ?
On ne peut pas bousculer notre modèle social en quelques semaines. Le gouvernement doit organiser le débat démocratique et social s’il souhaite réformer le pays intelligemment. La CFDT n’a qu’une boussole, celle d’une plus grande justice sociale, et nous avons prouvé que nous pouvons nous engager sur des textes audacieux. Mais nous avons des inquiétudes, notamment sur la question de l’assurance-chômage universelle. Nous partageons l’idée qu’il faut apporter des protections aux travailleurs indépendants, mais il faut le faire en maintenant des allocations-chômage de bon niveau pour l’ensemble des salariés.
Nous connaîtrons plus précisément les intentions du gouvernement dans les prochaines semaines
mais une chose est sûre, nous comptons peser sur chacun de ces dossiers afin de ne pas devoir parler une nouvelle fois d’occasion manquée.
Des mesures budgétaires difficiles ont été annoncées pour 2018. La hausse de la CSG fait débat. Comment se positionne la CFDT  ?
On ne gouverne pas la France avec un objectif chiffré de 3 % comme étendard. Si la CFDT a bien conscience des contraintes budgétaires, je regrette que cette rentrée se résume à des mesures comptables. Je pense à la promesse non tenue de gain de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires
et aux efforts demandés aux retraités qui touchent 1 200 euros de pension et que l’on ne peut qualifier d’aisés. Nous nous battrons pour obtenir des compensations, mais mon inquiétude va au-delà. Le gouvernement ne donne pas le sens de sa démarche : quelle société veut-il construire ? Il envoie des signaux inquiétants. Certes, il revalorise le minimum vieillesse et l’allocation adulte handicapé, mais il ne dit rien sur le RSA. Y aurait-il des bons et des mauvais pauvres  ? Sur les migrants, le discours et les actes cet été ont été ambigus. On ne sent pas la volonté d’apaisement de la société. J’ai le sentiment de revivre 2002 : le Front national était au second tour de l’élection présidentielle et le Président n’en avait pas tenu compte.
Parlons d’un sujet plus réjouissant. La CFDT est la première organisation syndicale dans le privé depuis mars  2017. Cela peut-il modifier en profondeur les relations sociales dans notre pays ?
Cela montre en tout cas que les salariés approuvent notre démarche constructive. L’objectif à présent est de devenir la première organisation syndicale tous secteurs confondus à l’issue des élections dans les fonctions publiques de décembre 2018. Nous devons pour cela convaincre tous les agents que notre syndicalisme CFDT est capable de changer le dialogue social dans la sphère publique au bénéfice des agents qui ont aujourd’hui le sentiment de ne pas avoir leur mot à dire sur l’organisation de leur travail, sur leurs missions auprès des citoyens.
2018 est également une année de congrès. Tous les syndicats de la CFDT se retrouveront à Rennes en juin afin de fixer la feuille de route de l’organisation pour les quatre années à venir.
 Oui, c’est un grand moment démocratique que nous sommes déjà en train de préparer  ! Pour la première fois dans l’histoire de la CFDT, tous les adhérents sont invités à prendre activement part aux débats. Le 23 octobre, nous ouvrons une plateforme sur internet (à l’adresse participons.cfdt.fr) qui va organiser cette discussion et donner ainsi la parole à tous les adhérents de notre organisation. Retenez bien cette date, nous comptons sur vous, vos idées et vos envies, pour construire la CFDT de demain. 
 Propos recueillis par aseigne@cfdt.fr  et jcitron@cfdt.fr


mardi 26 septembre 2017

Une première analyse des ordonnances

Une première analyse des ordonnances

La Confédération a procédé à une analyse article par article des ordonnances. Quatre documents ont ainsi été produits : sur l’ordonnance relative au renforcement de la négociation collective ; sur celle relative à la prévisibilité et à la sécurisation des relations de travail ; sur celle relative à la nouvelle organisation du dialogue social et économique ; et sur celle relative au compte professionnel de prévention.

Ces documents sont amenés à évoluer. D’abord parce que certains articles restent à traiter : c’est le cas des dispositions portant sur les attributions du conseil social et économique, la nouvelle instance unique prévue par les ordonnances, ainsi que sur l’articulation et les contenus des informations-consultations. Enfin, les textes actuellement à disposition ne sont pas précisément ceux qui seront adoptés en Conseil des ministres. Une mise à jour sera effectuée à l’issue.

lundi 25 septembre 2017

FPH : journée d’action le 10 octobre 2017 !

Dans un contexte d’annonces injustes, concernant les agents de la Fonction publique, qui se sont succédées dès le début de l’été :
FPH : journée d’action le 10 octobre 2017 !
Gel du point d’indice : la CFDT Santé Sociaux revendique une augmentation du point d’indice. En 2017 nous estimions à 3 % le rattrapage nécessaire au pouvoir d’achat. Les 1.2 % accordés en deux fois : 0.6 % en 2016 et 0.6 % en 2017 après 7 ans de gel du point d’indice ne sont pas suffisants.
Jour de carence : les agents de la FPH ne sont pas responsables de l’absentéisme. Le manque d’effectifs au lit du patient est criant. Il ne permet plus une prise en charge normale et sécurisante pour tous·tes.
La CFDT Santé Sociaux revendique plus d’effectifs au lit du patient en lien avec la charge de travail. La CFDT Santé Sociaux revendique également une complémentaire santé financée à hauteur de 50 % par l’employeur et une prévoyance comme dans le privé.
Sur les mesures de compensation de la hausse de la CSG sans gain de pouvoir d’achat : la CFDT Santé Sociaux demande au gouvernement de tenir ses engagements envers les fonctionnaires avec une réelle compensation.
Application des mesures PPCR : le projet de décret présenté au CSFPH du 16 mars 2017 sur le reclassement des personnels·les de la filière socio-éducative de catégorie B en catégorie A n’est toujours pas paru. La CFDT Santé Sociaux exige sa parution afin que les agents concernés puissent en bénéficier en même temps que les agents de l’État et de la Territoriale.
Sur les aides-soignant·es : la CFDT revendique et porte seule, depuis 2015 le passage en catégorie B du corps des aides-soignant·es.
La CFDT Santé Sociaux réaffirme que les agents de la FPH sont une richesse et non un coût. #JeSuisUneRichesse

lundi 18 septembre 2017

Journée d'action le 10 octobre 2017

Publié le 15/09/2017 à 15H03
La CFDT Fonctions publiques appelle à la mobilisation l'ensemble des agents publics le 10 octobre pour peser sur le rendez-vous salarial qui se tiendra en présence du Ministre Gérald Darmanin en charge de la Fonction publique.
Téléchargez le communiqué commun intersyndical du 15 septembre

mardi 12 septembre 2017

Mission « Flash» parlementaire EHPAD

Le 6 septembre 2017, la CFDT Santé Sociaux était avec l’ensemble des organisations syndicales du secteur auditionnée par Mme Monique Iborra sénatrice (REM) en charge d’une mission parlementaire sur la situation des EHPAD concernant notamment les conditions de travail.
Mission « Flash» parlementaire EHPAD
Sur la base des résultats de son enquête « Parlons effectifs, on est combien aujourd’hui ? » la CFDT Santé Sociaux a clairement énoncé que la question des conditions de travail dans le secteur des personnes âgées était désormais liée aux effectifs : « Madame la sénatrice, on peut tourner dans tous les sens la question de l’organisation du travail, sans personnel rien n’est possible. »
Les résultats de l’enquête « Parlons effectifs » seront publiés lors d’une conférence de presse le lundi 2 octobre prochain.
Nous avons rappelé, que déjà en 2011, nous alertions les pouvoirs publics. Notre enquête nationale sur les conditions de travail montrait une grande souffrance au travail des personnels des EHPAD. La situation n‘a fait que s’aggraver depuis, les témoignages recueillis dans notre enquête « Parlons effectifs » le prouvent.
Présent à cette audition, le SYNCASS CFDT a su démontrer comment la nouvelle tarification de ces établissements aggrave une situation, qui n’était déjà pas acceptable.
De réels choix politiques sont nécessaires afin que nos ainés soient pris en charge dignement.
Les personnels des EHPAD qui prennent soin de nos ainés chaque jour sont une richesse pour les familles qui comptent sur la solidarité nationale pour les aider. L’emploi dans ce secteur non délocalisable doit être reconnu comme une richesse pour et par les territoires.
Pour la CFDT Santé Sociaux la prise en compte des effectifs nécessaires à la bonne prise en charge des personnes accueillies est impérative et une révision des modalités de financement de ces établissements s’impose afin de le permettre.

Emplois aidés : un besoin urgent de clarté et de précisions

La CFDT Santé Sociaux partage la réaction générale d’incompréhension voire d’indignation face à la décision brutale du gouvernement. En outre, elle déplore un manque de lisibilité.
Emplois aidés : un besoin urgent de clarté et de précisions
Le 6 septembre, Madame la ministre du travail, Monsieur le ministre de l’éducation nationale et Monsieur le ministre de la cohésion des territoires, par une lettre commune, ont adressé une feuille de route aux préfets pour appliquer les mesures concernant les emplois aidés.
Dans cette adresse, ils rappellent que sont préservés :
Le secteur non marchand, en particulier, l’éducation nationale et plus précisément l’accompagnement par les AVS des élèves handicapés ainsi que les élèves handicapés scolarisés dans les établissements agricoles ;
L’outre-mer ;
Les actions portées par le secteur associatif telles que l’aide alimentaire, l’accompagnement social ou l’hébergement (notamment médicalisé) des jeunes enfants et des personnes dépendantes, sans-abri ou atteintes d’un handicap.
Ce courrier prescrit aux préfets de travailler avec les conseils départementaux dans le cadre des conventions annuelles d’objectifs et de moyens.
Ils bénéficient d’une souplesse de gestion accrue de l’enveloppe et doivent en priorité tenir compte des communes les plus en difficultés financières.
Ils doivent aussi identifier des marges de manœuvre en gestion pour ce second semestre 2017.
Ils devront faire des choix dans les mesures à appliquer pour répondre aux objectifs gouvernementaux de maitrise budgétaire. Leur travail sera examiné par les directions générales.

Au regard de l’ensemble de ces données, il existe des interrogations importantes. La Fonction publique hospitalière fait-elle partie des services d’urgence préservés ?

Pour la CFDT Santé Sociaux, le secteur sanitaire, social et médico-social doit être une priorité dans les arbitrages des préfets. Notre secteur est un important pourvoyeur d’emploi et le sera encore plus dans les années à venir en tenant compte de l’évolution démographique. Elle rejoint en cela l’alerte manifestée par les employeurs des branches associatives.
Pour autant, La CFDT Santé Sociaux reconnait la nécessité d’une évaluation de tout dispositif engageant les financements publics.
Dans le cas présent, cette évaluation doit permettre de recentrer les objectifs vers un accompagnement des salariés les plus éloignés de l’emploi par un véritable parcours professionnel intégrant l’obtention d’un diplôme. C’est un gage indispensable mais non exclusif pour un accès pérenne à l’emploi.
C’est donc bien vers les représentants de l’état sur les territoires qu’il convient de s’orienter. Ils doivent permettre que les décisions soient prises en concertation avec les acteurs locaux dont les organisations syndicales dans l’intérêt des plus précaires, des plus jeunes, des plus éloignés de l’emploi.

Publication des résultats de l’enquête « Parlons Effectifs, on est combien aujourd’hui ? »

La Fédération CFDT Santé Sociaux publiera, en conférence de presse, le lundi 2 octobre 2017 à 11h les résultats d’une enquête en ligne menée du 13 au 19 mars 2017 sur les effectifs réels dans le cadre des travaux européens sur la dotation en personnel.
Publication des résultats de l’enquête « Parlons Effectifs, on est combien aujourd’hui ? »
2 587 participants ont répondu aux 37 questions de l’enquête. Ils ont été interrogés sur leur situation personnelle et la situation des effectifs de leur service chaque jour. 600 d’entre eux ont souhaité s’exprimer librement sur leur journée de travail à travers la dernière question ouverte. Les personnels concernés par cette enquête sont les infirmiers, infirmiers de bloc, infirmier anesthésistes, puéricultrices, aides-soignants, aides médico-psychologiques, auxiliaires de puériculture, agent de service faisant fonction d’aide-soignant et étudiants.
#JESUISUNERICHESSE
Chaque professionnel de la santé ou du social est une richesse. La valeur de ses actions quotidiennes est invisible, difficile à intégrer dans le PIB, mais elle participe pourtant largement à la croissance économique des territoires

vendredi 8 septembre 2017

Pouvoir d'achat

“Sur la CSG, nous rappelons à Emmanuel Macron sa promesse d’augmenter le pouvoir d’achat des agents !”

Publié le 06/09/2017 à 14H54
Entretien de Mylène Jacquot, Secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques à Acteurs publics du 6 septembre 2017, réalisé par Sylvain Henry 
 
Les prochains états généraux de la fonction publique doivent porter “sur les attentes des usagers en matière de missions et d’accessibilité des services” plutôt que sur l’avenir du statut, estime dans un entretien à Acteurs publics la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, Mylène Jacquot. Concernant la réforme de la contribution sociale généralisée (CSG), elle rappelle la promesse faite par Emmanuel Macron pendant la campagne sur l’augmentation du pouvoir d’achat des fonctionnaires. 

Comment jugez-vous les premiers mois du gouvernement, dans sa politique à l’égard des fonctionnaires ?

Il est certain que les premières annonces du gouvernement (gel de la valeur du point, rétablissement du jour de carence) suscitent de vives inquiétudes tant sur le fond que sur la forme. C’est la raison pour laquelle nous avions immédiatement réagi, appelant le ministre à respecter les agents et leurs représentants. Nous avons déjà été partiellement entendus : l’agenda social répond en tout cas à l’une de nos demandes qui était de construire un agenda social à la hauteur des enjeux. Maintenant, nous serons vigilants sur les contenus, notamment sur la question salariale, sur la prise en compte de l’expression des agents sur leur travail, ainsi que sur l’organisation des États généraux. Quoi qu’il en soit, nous travaillons à l’établissement du rapport de force, en allant à la rencontre des agents, sur la base, notamment, de notre carte-pétition, qui rappelle nos principales revendications.

Le gouvernement s’est engagé à ce que la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) ne soit pas synonyme de baisse de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires. Attendez-vous des réponses concrètes du ministre [de l’Action et des Comptes publics, ndlr] Gérald Darmanin lors de la réunion du groupe de travail sur le sujet le 13 septembre ?

Nous rappellerons au ministre les propos adressés par le candidat Emmanuel Macron aux agents publics dans le cadre de sa campagne présidentielle : “J’augmenterai votre pouvoir d’achat, comme celui des salariés des entreprises : vous paierez moins de cotisations et votre salaire net sera augmenté d’autant.” La réunion du 13 est clairement annoncée comme devant être consacrée à des échanges. Nous nous exprimerons sur nos attentes, nous ferons des propositions, mais nous n’attendons pas de réponse avant le 10 octobre, date du rendez-vous salarial. Et le pouvoir d’achat des agents ne peut se résumer à un seul de ses paramètres, quel qu’il soit.

Qu’attendez-vous, justement, du rendez-vous salarial du 10 octobre, alors que le gouvernement a annoncé qu’il n’y aurait pas de hausse généralisée du point d’indice ? 

Le gouvernement a d’ores et déjà fait des choix qui impacteront négativement les rémunérations. D’une part, nous espérons que le rapport de force influencera quelques arbitrages, dont le respect du calendrier PPCR [parcours professionnels, carrières et rémunérations, ndlr] ou encore la mise en œuvre de la Gipa [garantie individuelle de pouvoir d’achat, ndlr], par exemple. D’autre part, la CFDT attend que le gouvernement ouvre de nouvelles perspectives d’accord triennal, auxquelles il conviendra de travailler sans tarder. 

Qu’attendez-vous des états généraux sur l’avenir de la fonction publique, dont la réflexion sera lancée le 7 septembre lors d’un groupe de travail ? Redoutez-vous notamment une mise en cause du statut ?

Si le gouvernement ramenait les débats des prochaines semaines au statut, ce serait indécent et complètement à côté des enjeux. Les états généraux doivent porter sur les attentes des usagers en matière de missions et d’accessibilité des services notamment. Plutôt que de parler du statut, il est grand temps de parler du travail des agents, de son contenu, de son organisation, de ses apports à la richesse du pays, à l’activité économique et à la cohésion sociale. Et la question sera aussi posée des moyens nécessaires à l’exercice des missions des agents publics. 

Que pensez-vous de la décorrélation du point d’indice entre les 3 versants de la fonction publique souhaitée par le gouvernement ?

Pour la CFDT, c’est une très mauvaise idée qui ne répond ni à une attente des agents ni même à une attente des employeurs. Leur expression en ce sens a été claire.

Pensez-vous que le calendrier “PPCR” sera tenu, alors que Gérald Darmanin s’est inquiété de ce qu’il n’aurait pas été budgétisé ?

Pour l’instant, nous avons de très fortes inquiétudes. Seuls ou avec les autres signataires, nous nous sommes exprimés pour rappeler au gouvernement l’ensemble des termes du protocole PPCR, dont le calendrier est un élément non négligeable. Mais nous n’avons pas de réponse à ce jour. 

Comment préparez-vous les élections professionnelles de décembre 2018 ? Comment doper la participation, notamment des plus jeunes fonctionnaires ? 

Pour l’instant, la préparation devient opérationnelle sur la base à la fois du bilan de 2014 et des nouvelles règles de représentation équilibrée entre agents femmes et hommes. Les administrations et les équipes devront aussi tenir compte du nouveau calendrier des opérations. C’est toute la CFDT et ses fédérations qui sont mobilisées en vue de cette échéance électorale. Le taux de participation est effectivement l’un des enjeux. On ne peut pas se réfugier derrière telle ou telle modalité de scrutin : vote à l’urne ou vote électronique, les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. C’est aussi aux employeurs publics de prendre leur part dans la réussite de la mobilisation des électeurs en décembre 2018. Pour notre part, nous continuons d’être à l’écoute des attentes des agents, et des évolutions de ces attentes. Les organisations syndicales sont devant un fort enjeu de renouveau générationnel. Les outils traditionnels doivent s’enrichir de nouveaux supports, tout comme nos revendications s’enrichissent de la parole des plus jeunes. 

Les conditions de vie au travail et la prévention de l’inaptitude sont des enjeux qui figurent au menu de l’agenda social. Quelles sont vos propositions ?

Avant de faire des propositions, nous voulons peser pour voir retenus un certain nombre de sujets relatifs à la “vie au travail”, parmi lesquels le droit à la déconnexion, le télétravail, la mise en œuvre d’espaces d’expression pour les agents sur leur travail, la formation et l’appui aux cadres de proximité en clarifiant leurs marges de manœuvre, et le compte de prévention de la pénibilité. Car il faudrait poursuivre le travail sur la prévention de l’inaptitude et l’organisation des instances médicales – source, parfois, de situations dramatiques pour des agents déjà touchés par la maladie. Enfin, nous souhaitons qu’un bilan soit fait des dispositions contenues dans le titre 2 de l’ordonnance 2017-53 : accès au temps partiel thérapeutique, préparation au reclassement (en lien avec le travail sur le compte personnel de formation), imputabilité des accidents de service…

La formation professionnelle et le développement des compétences et des parcours professionnels sont également à l’agenda social, avec un groupe de travail relatif à la mise en place du compte personnel de formation dans les 3 versants. Un “schéma directeur” sur la formation initiale et la formation continue doit être présenté dans les prochaines semaines. Quelles sont vos attentes ? 

Avant tout, nous sommes satisfaits de voir que le compte personnel d’activité (CPA) n’est pas oublié. Nous saluons aussi la qualité du dialogue qui prévaut sur la mise en œuvre du compte personnel de formation (CPF). Nous nous exprimerons le moment venu sur les documents qui nous seront présentés. Mais nous rappelons aux employeurs que le CPF, c’est avant tout un outil destiné aux agents, à leurs projets personnels et professionnels. Même si le financement exige un dialogue approfondi et serein entre agents et employeurs.

mercredi 6 septembre 2017

Reclassement indiciaire des masseurs-kiné de la FPH : coup de poignard en plein été !

Faisant le constat d’une désaffection grave des masseurs-kinésithérapeute de la fonction publique hospitalière, le précédent gouvernement a mis en place un groupe de travail courant 2016 afin d’améliorer l’attractivité de la filière de rééducation. Faute d’ambition et de volonté politique, ces concertations n’ont pas abouti. En effet, la principale mesure proposée, consistait en un reclassement indiciaire, insuffisant au regard du niveau de formation, d’autonomie et de responsabilité des kinésithérapeutes. Une proposition de texte de reclassement a ainsi été unanimement rejetée par deux fois lors des Conseils Supérieurs de la Fonction Publique Hospitalière en mars 2017. Les kinésithérapeutes et les orthophonistes se sont également déclarés opposés à ce projet présenté lors de la séance du Haut Conseil des Professions Paramédicales du 20 décembre 2016.
Reclassement indiciaire des masseurs-kiné de la FPH : coup de poignard en plein été !
Surprise de l’été, en plein mois d’août, le gouvernement d’Edouard Philippe publie ces textes, faisant fi de l’avis défavorable des professionnels.
Les salaires proposés, assimilables à une grille niveau licence, sont loin des rémunérations pratiquées pour les autres professions de formation d’autonomie et de responsabilité bac +5. De plus, ils ne résoudront en rien le problème d’attractivité et la fidélisation, les salaires proposés étant toujours inférieurs aux rémunérations des masseurs kinésithérapeutes, constatées sur le marché du travail.
La profession, unie sur cette question, dénonce fermement ce mépris, extrêmement mal vécu par les agents dont l’exercice hospitalier est en tension permanente depuis des années. Les masseurs-kinésithérapeutes de la fonction publique s’investissent sans relâche pour assurer les soins requis par leur patient et la formation des étudiants malgré de nombreux postes vacants.
Les organisations syndicales et professionnelles de la profession s’adressent à Mme Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé pour exiger une révision urgente de leurs grilles de rémunération, faute de quoi nous nous exposons à une disparition inexorable des soins de rééducation dans les établissements publics de santé.
Nous rappelons également qu’un « Livre blanc de la profession pour une kinésithérapie performante et moderne dans la fonction publique hospitalière » a été rendu public au mois de mai. Il doit servir de base de travail pour enfin avancer sur cette grave désaffection dont les patients sont les premières victimes.