mardi 19 décembre 2017

PPCR : reclassement de la filière sociale en catégorie A et le droit d’option

Les premiers textes concernant le reclassement en catégorie A des conseillers en économie sociale et familiale, des éducateurs techniques spécialisés, des éducateurs de jeunes enfants et des assistants socio-éducatifs étaient loin de satisfaire la CFDT santé-sociaux. En effet, les textes proposés par la DGOS ne tenaient pas compte de la situation particulière des Assistants socio-éducatif qui peuvent prétendre, s’ils remplissent les conditions à un départ à la retraite anticipée.
PPCR : reclassement de la filière sociale en catégorie A et le droit d’option
La CFDT a œuvré durant plusieurs semaines auprès du cabinet du Secrétaire d’état auprès du Ministre de l’Action et des Comptes publics que de la direction de la DGOS. Ces interpellations ont enfin été entendues.
Ainsi, à la différence des infirmiers en 2010 dans le cadre du protocole Bachelot, les assistants sociaux au contact permanent des malades, accéderont à la catégorie A en 2019 sans renonciation aux droits acquis au titre de la catégorie dite « active » par la CNRACL.
Les agents totalisant 17 ans de service actif à la date du reclassement en catégorie A au 1er février 2019 conserveront donc leurs avantages pour un départ à la retraite anticipée.
En revanche les services accomplis à partir de la date du reclassement ne généreront plus de nouveaux droits en service actif.
Une victoire pour la CFDT qui ne lâche rien lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des agents.

mercredi 13 décembre 2017

ASSURANCE-CHÔMAGE : DES DROITS POUR REBONDIR


L’assurance-chômage doit demeurer une assurance, garantissant un revenu de remplacement en cas de perte d’emploi, avec un accompagnement adapté à chacun : la CFDT argumente.
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lundi 11 décembre 2017

[DOSSIER APPRENTISSAGE 2/2] “LE PLUS DIFFICILE, C’EST DE TROUVER L’ENTREPRISE  !”


Fiers de travailler « pour de vrai », les apprentis alternent formation théorique et pratique, ce qui nécessite persévérance et maturité. Reportage à la SEPR de Lyon, l’un des plus gros centres de formation de France, qui accueille près de 2200 apprentis.
Assise à sa table de travail, Laurette a le geste sûr et le regard concentré derrière ses lunettes. À 21 ans, cette jeune femme au caractère bien trempé suit sa deuxième et dernière année d’apprentissage en bijouterie, à Lyon. Dans quelques mois, elle espère bien obtenir un BMA (brevet des métiers d’art), soit l’équivalent d’un bac dans le monde de la joaillerie. Son aventure professionnelle devrait se poursuivre dans l’entreprise qui a promis de l’embaucher à la fin de sa formation. L’aboutissement d’un beau parcours qui n’a pas toujours été de tout repos. « Dès le collège, je savais que je voulais devenir bijoutière, explique-t-elle. J’ai quand même passé un bac littéraire mais, très vite, je me suis réorientée. »
Être mûr pour l’apprentissage
sepr-lyon-065-webPour arriver à ses fins, Laurette n’a ménagé ni sa peine ni les kilomètres. Originaire de Troyes, dans l’Aude, elle a passé son CAP (certificat d’aptitude professionnelle) au lycée de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher. Et ce n’est qu’une fois ce premier diplôme en poche qu’elle parvient à convaincre une entreprise parisienne de l’embaucher en contrat d’apprentissage. Aujourd’hui, elle partage sa vie entre Lyon, où se trouve le centre de formation, et la capitale. Toutes les deux semaines, une nouvelle vie commence. « Heureusement que mes parents m’aident financièrement car sinon je ne pourrais pas assumer le coût des transports et du logement. »
À la table de travail voisine, Maxime, 20 ans, est mieux loti question géographie. Originaire de Clermont-Ferrand, lui aussi est passé par Saint-Amand-Montrond, mais il a trouvé une entreprise à Lyon. « Elle voulait m’embaucher après le stage que j’avais fait chez elle, mais je voulais poursuivre ma formation. On est donc tombés d’accord sur un contrat d’apprentissage », résume-t-il.
Comme Laurette et Maxime, tous les apprentis rencontrés à la SEPR plébiscitent l’apprentissage. Ils parlent de leur fierté de travailler «pour de vrai», d’avoir des clients à satisfaire, du plaisir d’être dans la vie active, de toucher un premier salaire… Mais la plupart racontent aussi le parcours semé d’obstacles pour trouver une entreprise qui accepte de les accueillir. « J’ai demandé à toutes les entreprises de ma région, sans succès, explique Benoît, ébéniste en herbe, originaire d’un petit village près de Valence. Finalement, la SEPR m’a donné une liste d’employeurs avec qui elle travaillait régulièrement. J’ai alors rencontré Christian Bertuletti à son atelier (lire en bas de page) et j’ai décidé de déménager à Lyon. » À 19  ans, il perçoit un revenu mais ses parents l’aident toujours financièrement, notamment pour les trajets qui le ramènent tous les week-ends chez lui, où il compte bien se réinstaller le plus rapidement possible.
« LES EMPLOYEURS SONT PLUS RÉTICENTS À PRENDRE UN JEUNE QUI PRÉPARE UN CAP QU’UNE PERSONNE QUI MAÎTRISE DÉJÀ LES SAVOIRS DE BASE ET LES PREMIERS GESTES PROFESSIONNELS. »
Pour la plupart de ces jeunes, l’apprentissage s’est finalement concrétisé après une première formation dans un lycée professionnel ou à l’issue d’études généralistes. « Les employeurs sont plus réticents à prendre un jeune qui prépare un CAP qu’une personne qui maîtrise déjà les savoirs de base et les premiers gestes professionnels », explique la directrice générale de la SEPR de Lyon, Véronique Furlan. C’est toute la difficulté que rencontre l’apprentissage aujourd’hui.
Ce mode de formation en alternance attire les jeunes, mais tous n’ont pas la maturité nécessaire permettant de s’adapter aux contraintes et à la vie des entreprises. Tous n’ont pas non plus conscience de la réalité du métier dans lequel ils s’engagent. Les entreprises, en retour, n’ont pas forcément l’envie ou le temps de s’occuper de jeunes encore peu autonomes, et les chiffres montrent que le système s’essouffle.
“C’est une formation exigeante, pas une voie dérogatoire”
« Pour donner une nouvelle dynamique à la formation professionnelle, il est nécessaire de repenser l’ensemble des dispositifs, assure sans langue de bois la directrice de la SEPR. Il faut mieux articuler les passages entre le monde de l’entreprise et celui de la formation. Aujourd’hui encore, l’apprentissage est considéré comme une voie à part, dérogatoire, uniquement destinée aux jeunes en difficulté, alors que c’est une formation exigeante. Je pense que l’on devrait inverser la logique, en faisant en sorte que toutes les formations prévoient des périodes d’apprentissage et des périodes classiques, en fonction du savoir-être et du savoir-faire des jeunes, ainsi que des attentes des entreprises. Ce n’est pas original que de le dire, mais notre système est encore trop organisé en tuyaux d’orgue. Il manque de souplesse. »
sepr-lyon-131-webSelon Ophélie, apprentie ébéniste après une première expérience peu concluante en fac de sport, il faudrait également tenir davantage compte de l’envie des jeunes plutôt que de leurs résultats scolaires. Trop d’apprentis se sentiraient, selon elle, dévalorisés alors qu’ils montrent au cours de leur formation de vraies capacités. « Je me sens bien car j’ai fait des études avant et je me rends donc mieux compte de l’encadrement que nous avons ici et de l’attention que me porte mon tuteur dans l’entreprise, souligne-t-elle. Mais pour beaucoup de jeunes, leur formation reste un choix par défaut. Ils ont besoin d’être valorisés, de prendre conscience de leurs talents. »
Les apprenties du BTS Design de mode en sont l’illustration parfaite. Trois d’entre elles se remémorent leurs premiers pas dans cette filière professionnelle : « Je n’aimais pas l’école, alors je me suis orientée dans la mode en croyant que j’allais dessiner des vêtements toute la journée. Au lieu de ça, je me suis retrouvée derrière une machine à coudre », commence la première. Et la deuxième de poursuivre : « Finalement, ça m’a plu, et un professeur du lycée m’a incitée à poursuivre après le bac. » « Aujourd’hui, nous sommes en apprentissage chez Salomon, Ligne Roset et un fabricant de parapentes avec, pour chacune, une promesse d’embauche à la clé, conclut la troisième dans un large sourire. Nous n’avons eu aucune galère. » Et quand on demande à ces jeunes s’ils envient leurs amis restés dans le système scolaire classique, la réponse est unanime : jamais… sauf pour les vacances. Question jours de congés, ils sont en effet largement distancés. 
©Photos Sébastien Calvet

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Christian Bertuletti
Ébéniste, heureux employeur d’apprentis
« J’en suis à mon douzième apprenti et je n’ai jamais eu de problème. » La cinquantaine passée, Christian Bertuletti est un ébéniste heureux. Dans son atelier en fond de cour d’un immeuble de Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, il s’est fait un devoir de transmettre son savoir-faire à des jeunes qu’il accueille pendant deux à quatre ans. Un devoir ou une mission pour ce travailleur aussi passionné qu’exigeant et aux idées très arrêtées : « Je suis contre l’apprentissage trop jeune car le métier est physique et il n’est pas forcément bon de vivre dans un monde d’adultes à 15 ans. Pour moi, ce serait un retour en arrière si on décidait d’encourager cela. » 
Chez Christian, le recrutement se fait au feeling après un premier entretien : « Je reçois une trentaine de CV par an et je rencontre trois candidats. Ce qui m’intéresse, c’est la motivation et le caractère des jeunes. Je veux qu’ils aient les pieds sur terre car je suis quelqu’un d’exigeant. Le travail du bois peut faire rêver, mais cela reste un travail précis et fatigant parfois. Je veux des personnes sérieuses car moi, je les prends au sérieux. »
Au fil des ans, Christian a parfois embauché des salariés, mais l’expérience n’a pas été suffisamment concluante. La routine finissait par s’installer, alors que chaque nouvel apprenti donne l’occasion d’une nouvelle rencontre, l’opportunité de changer ses habitudes. « J’aime être au contact des jeunes. Ils m’apportent aussi beaucoup. L’apprentissage n’est pas à sens unique. »
Miser davantage sur la jeunesse
Motif de satisfaction : onze des apprentis passés par son atelier ont aujourd’hui un travail. Certains font même carrière à l’étranger. 
« On n’investit pas assez dans la jeunesse, insiste-t-il. Il y a parfois même un climat antijeune chez les entrepreneurs qui ne cesse de m’étonner. Moi, par exemple, je supporte difficilement les retards, eh bien je n’ai jamais eu de difficultés de ce côté-là avec mes apprentis. Quand ils sont respectés et qu’ils savent qu’ils vont apprendre des choses en se rendant au travail, ils n’ont pas de panne de réveil. » Un contrat où tout le monde gagne en somme. 

Fonctionnement et management des EHPAD Reporter les responsabilités sur les directions ne peut exonérer l’Etat


Conditions exe CP

EN BREF : Les déclarations ministérielles sur le management des EHPAD ont jeté le trouble parmi leurs directeurs et leurs personnels. A juste titre. Alors que les difficultés empirent au quotidien, du fait des arbitrages publics, le SYNCASS-CFDT veut rétablir les faits et rappeler les responsabilités de chacun, car les contradictions des pouvoirs publics ne sont pas solubles dans le management !


[DOSSIER APPRENTISSAGE 1/2] L’APPRENTISSAGE DE NOUVEAU SUR LE MÉTIER

Bien qu’il ait fait ses preuves, l’apprentissage n’a jamais décollé en France. État des lieux d’un dispositif qui doit se réinventer pour répondre aux aspirations des jeunes et aux besoins des entreprises.
L’apprentissage cherche sa voie
Dispositif d’insertion professionnelle efficace mais sous-utilisé en France, l’apprentissage est en passe d’être réformé. Il est urgent de revaloriser son image, convaincre les employeurs d’y recourir et mieux accompagner les jeunes.
Faire ses premiers pas dans le monde du travail en étant formé et rémunéré, la formule a de quoi séduire. Avec son taux d’insertion proche de 70 %, l’apprentissage peut faire figure d’antidote au chômage des jeunes. Pourtant, il peine à prendre son envol. Emmanuel Macron s’attaque au dossier. D’autres s’y sont essayés avant lui : François Hollande avait parié sur 500 000 apprentis à la fin 2017 et, quelques années plus tôt, Nicolas Sarkozy avait annoncé le chiffre de 1 million.
   
[Dans la fonction publique aussi]
L’apprentissage a fait une percée dans la fonction publique depuis l’impulsion donnée lors de la conférence sociale de 2014. 
En 2016, 13 148 nouveaux apprentis ont été recrutés dans les établissements d’enseignement et les collectivités locales, 23 % de plus qu’en 2015. C’est le cas de Laurane, 21 ans, qui, après un bac scientifique, puis un bac professionnel en photographie, s’inscrit en apprentissage en BTS Design graphique au Campus Fonderie de l’image à Bagnolet, en région parisienne. Elle commence sa formation en septembre et, malgré les conseils prodigués par son école et une utilisation active des réseaux sociaux professionnels, elle « galère » dans sa recherche d’entreprise. « Beaucoup de start-up recherchent des jeunes graphistes en multimédia, mais ils préfèrent prendre des stagiaires qu’ils payent 550 euros, explique-t-elle. J’ai passé douze entretiens, ils me trouvaient trop chère et trop âgée par rapport à d’autres candidats. » Jamais elle n’aurait imaginé se tourner vers la fonction publique. C’est pourtant à la mairie de Boulogne qu’elle trouve son bonheur. Recrutée au service communication, elle perçoit le Smic, voit ses études assurées jusqu’à l’obtention de son BTS et apprend tous les jours de nouveaux aspects de son métier. « Ma maîtresse d’apprentissage est attentive et m’aide à mieux aborder mes missions. J’alterne deux jours à la mairie et trois à l’école, ou l’inverse. C’est fatigant, mais j’ai le sentiment de me réaliser et d’avoir démarré ma vie professionnelle. » Laurane réfléchit déjà à la suite. Elle aimerait se spécialiser dans le motion design, technique d’animation sur le web très recherchée dans les milieux de la publicité et de la communication. Dans le cadre, pourquoi pas, d’un nouveau contrat en alternance. 
   
Néanmoins, malgré les divers plans de relance, le nombre d’apprentis en France ne dépassait pas 412 300  jeunes en 2016, soit 7% de la population des 16-25 ans, quand l’Allemagne en comptait 1,4 million. Et si l’apprentissage ne chute pas davantage encore, c’est grâce à sa forte progression dans l’enseignement supérieur, en BTS, licence et master (lire l’interview de Gilles Roussel en bas de page).
En revanche, les formations de niveau bac professionnel, certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ou brevet d’enseignement professionnel (BEP) ne décollent pas. Depuis 2008, le nombre d’entrées en apprentissage des élèves du secondaire a même diminué de 24% selon le ministère du Travail (Dares). Et pourtant, ces jeunes moins formés, donc plus fragiles sur le marché de l’emploi, sont ceux qui pourraient en retirer le plus grand bénéfice.
Les employeurs freinent l’embauche
De nombreuses mesures ont déjà été tentées, aides financières aux entreprises et assouplissement de la réglementation sur le travail des mineurs, sans résultat probant. Pire, les professionnels de l’artisanat, principaux pourvoyeurs de postes en apprentissage, voient dans l’empilement des mesures une complexité supplémentaire. Et ce n’est pas le seul motif de réticence de leur part. Recruter un jeune de 15 ou 16  ans et le former est une responsabilité que tous n’ont pas envie d’assumer. « De nombreux employeurs estiment que les jeunes qui sortent de 3e manquent de maturité et d’autonomie, explique Philippe Pichon, directeur du Centre de formation des apprentis (CFA) du bâtiment, dans le Morbihan. Ils hésitent à s’engager sur un an et jusqu’à trois ans pour un bac pro. »
Développer le préapprentissage – une sorte de sas qui permet aux jeunes de gagner en maturité est une piste souvent proposée. Aujourd’hui, les élèves de 15 ans, à l’issue de la 4e ou de la 3e, peuvent intégrer une classe Dima (dispositif d’initiation aux métiers en alternance) située dans les CFA. Néanmoins, « si les modalités pédagogiques ne sont pas assez personnalisées, il y a risque de décrochage »alerte Vincent Bernaud, qui suit le dossier au syndicat de l’Éducation nationale Sgen-CFDT. 
Embaucher un apprenti était un réflexe naturel dans les secteurs de l’artisanat comme dans les métiers de bouche, de la construction ou de l’agriculture. Ce n’est plus toujours le cas. « Certains employeurs ont la fibre, d’autres moins, explique Max Delpérié, directeur du lycée agricole de lyceecfabelliard-0042-webLimoges. Dans notre secteur d’activité, l’apprentissage peut être une façon de former un jeune en tissant un lien de confiance, dans une perspective éventuelle de transmission. » Dans le BTP aussi, le recours à l’apprentissage bat de l’aile. « Nous sommes le deuxième secteur après l’hôtellerie-restauration à former des jeunes en apprentissage,précise Yves Lebourgeois, administrateur CFDT d’un CFA en BTP dans le Calvados. Nous constatons cependant une sous-utilisation du dispositif. L’usage que les entreprises en font est trop souvent guidé par des intérêts de court terme pour faire face à un regain d’activité. Elles devraient, au contraire, recruter régulièrement des apprentis et renouveler le vivier afin d’être plus compétitives. Les grandes entreprises des travaux publics n’en prennent quasiment pas, ou alors des jeunes de niveau postbac. Quant aux petits entrepreneurs de la construction, eux-mêmes de moins en moins souvent formés par l’apprentissage, ils ne connaissent pas ce dispositif. » Une méconnaissance partagée.
La mauvaise réputation
Les jeunes et les familles ignorent souvent tout de l’apprentissage, ou bien en ont une image désastreuse. Souvenons-nous de la bourde du PDG de Veolia, qui, interviewé cet été sur Europe 1 à ce sujet, avait bredouillé que « le problème ne s’était pas posé » pour ses enfants, qui « étaient brillants à l’école ». L’Éducation nationale regarde encore un peu de haut cette filière. Le logiciel Affelnet, sur lequel les élèves enregistrent leurs vœux d’affectation à la fin du collège, n’intègre pas les offres de formation en apprentissage. « Si les familles ne font pas l’effort de rechercher l’information, c’est très compliqué d’obtenir une place pour la rentrée suivante, sachant que les inscriptions se font dès le mois de mars », souligne Philippe Pichon.
La mise en relation entre les jeunes, les entreprises et centres de formation est l’un des leviers du développement. « Nous sommes présents sur les salons d’orientation, nous organisons des journées portes ouvertes au CFA, nous aidons les jeunes à trouver une entreprise d’accueil, nous sommes même sur Facebook », énumère Yves Lebourgeois, du CFA BTP normand. Dans les centres de formation, des « développeurs de l’apprentissage » ont pour mission de démarcher les entreprises afin de les informer sur le dispositif et les aides et les convaincre d’embaucher un jeune apprenti. Mais une fois le contrat signé, tout n’est pas joué. Une période d’essai de trois mois permet au maître d’apprentissage de veiller à la bonne intégration du jeune dans l’entreprise et à la cohérence entre l’enseignement dispensé en CFA et la formation en entreprise. Une responsabilité qui mériterait d’être mieux reconnue. « Un bon maître d’apprentissage peut vraiment concourir à l’émergence d’un jeune qui gagnera en confiance au fil des mois », affirme Max Delpérié du lycée agricole de Limoges.
PARMI LES CAUSES D’ÉCHEC, CERTAINES SONT SIMPLEMENT D’ORDRE MATÉRIEL : LA DISTANCE ENTRE LE DOMICILE, LE CENTRE DE FORMATION ET L’ENTREPRISE.
Des embûches peuvent toutefois se présenter en cours de route. Le taux de rupture anticipée s’élève à plus de 37% des apprentis de moins de 18  ans, 18% pour les plus de 21 ans (selon la Dares). Certains retrouvent rapidement une entreprise et passent quand même leur diplôme, d’autres abandonnent définitivement l’apprentissage. Parmi les causes d’échec, certaines sont simplement d’ordre matériel : la distance entre le domicile, le centre de formation et l’entreprise.
« Quand le jeune vit à 50  kilomètres du CFA ou de l’entreprise, la question du transport et du double logement se pose, des aides seraient nécessaires », relève Philippe Pichon. D’autres causes sont liées à des pratiques abusives. C’est malheureusement encore vrai dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. « Si nous voyons des gamins fatigués, qui s’endorment en cours le lundi matin, nous savons qu’ils ont dû faire des heures supplémentaires à rallonge ou un service le dimanche. Dans ce cas, nous intervenons auprès de l’employeur  », explique Ladja Chopineaux, proviseure au lycée hôtelier et CFA Belliard, établissement du 18arrondissement de Paris spécialisé dans les métiers de l’hôtellerie-restauration. Accompagner les jeunes face à leurs difficultés et être au plus près de leurs besoins est le meilleur gage de réussite. C’est d’ailleurs l’une des revendications portées par la CFDT. 
©Photo Joseph Melin
   

Groussel-webGilles Roussel
“N’opposons pas l’apprentissage dans le supérieur à l’apprentissage infrabac”
Informaticien, il préside l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée. En décembre 2016, il est devenu président de la Conférence des présidents d’université.
 Comment expliquer le développement très rapide de l’apprentissage à l’université ?
 Si l’apprentissage rencontre un vif succès à l’université, c’est que nous avons su proposer des formations répondant aux besoins des entreprises et des administrations. Dans l’université que je préside, 25 % des étudiants sont en apprentissage et nous couvrons tous les secteurs de l’économie. Nous avons ouvert des formations dans des domaines aussi variés que l’économie sociale et solidaire, le développement culturel territorial ou l’internet des objets. L’apprentissage n’est plus la chasse gardée de quelques domaines industriels ou techniques. Du côté des étudiants, la demande est tout aussi forte. Ils ont bien conscience que cette pédagogie en alternance favorisera leur insertion professionnelle, et le salaire qu’ils perçoivent leur facilite grandement la vie au quotidien.
Peut-on parler d’une révolution pour les universités ?
L’insertion professionnelle des étudiants est une mission complètement assumée par l’université même si, officiellement, elle ne date que d’une dizaine d’années. Le développement de l’apprentissage est l’un des outils à notre disposition. Les universités s’en sont emparées avec plus ou moins d’enthousiasme, selon leur histoire et leur culture, mais je pense qu’il y a aujourd’hui un consensus autour de cette pédagogie par alternance.
Pensez-vous qu’il y ait encore un potentiel de croissance ?
Tout dépend des universités. Certaines commencent à peine à s’y mettre quand d’autres ont déjà acquis une véritable expérience. À Marne-la-Vallée, nous avons été précurseurs. Aujourd’hui, nous avons atteint un bon équilibre entre les différents modes de formation. Notre objectif n’est donc pas d’augmenter encore le nombre d’étudiants en apprentissage mais plutôt de renforcer les liens entre les étudiants, quel que soit leur statut. Nous avons des formations où les étudiants sont mélangés. Et nous nous sommes rendu compte que cela apportait une valeur ajoutée. Les enseignants sont davantage sensibilisés à la réalité des besoins des entreprises et enrichissent leur enseignement, tandis que la diversité des parcours des étudiants crée une émulation.
Qu’attendez-vous de la réforme de l’apprentissage annoncée par le gouvernement ?
J’attends du gouvernement qu’il n’oppose pas l’apprentissage dans le supérieur à l’apprentissage infrabac. J’estime qu’il faut au contraire s’appuyer sur l’engouement et l’excellente image de l’apprentissage dans le supérieur pour lever les blocages installés dans les plus bas niveaux de qualification. 
Le modèle mixte que nous avons mis en place à l’université, qui associe des étudiants en formation initiale classique et des étudiants en apprentissage, pourrait par ailleurs être une source d’inspiration. 
©Photo CPU
   
    jcitron@cfdt.fr   

mercredi 6 décembre 2017

LE GOUVERNEMENT CONSULTE LES USAGERS ET LES AGENTS

Le ministre en charge de la Fonction publique vient de lancer une grande consultation des usagers et des agents des services publics appelée « Forum de l’action publique ». Ce type d’opération n’est pas nouvelle, certains ministres ou secrétaires d’État de la Fonction publique ont, par le passé, lancer de telles opérations sous des formes diverses (boite à idées, sondages, réunions en régions, etc.).
Cette fois-ci le gouvernement recourt aux technologies de son époque en créant une plate-forme collaborative qui permet de déposer des contributions et de consulter celles déposées par d’autres contributeurs. Il est possible de donner son avis sur les autres contributions et d’y répondre.
Deux espaces hermétiques ont été créés, l’un pour les usagers, l’autre pour les agents publics qui peuvent aussi, en tant qu’usager, intervenir sur l’espace dédié aux usagers. La plateforme sera ouverte jusqu’au mois de mars 2017. Pour participer, il faut s’inscrire avec une adresse électronique, mais il est possible de s’identifier sous un pseudo. Par ailleurs, le gouvernement organisera des rencontres dans les territoires avec les agents.
Il s’agit d’une initiative gouvernementale, les organisations syndicales n’y sont associées d’aucune manière. Le ministre leur a toutefois présenté le dispositif et recueilli leurs observations. La CFDT Fonctions publiques a fait part de ses inquiétudes sur l’articulation entre « démocratie participative » et dialogue social. Si un ministre est libre d’interroger les usagers et les personnels, cette consultation ne peut en aucun cas se substituer au nécessaire dialogue entre les employeurs publics et les représentants élus des personnels.
Les agents pourront intervenir sur cinq thèmes :
  • Les missions et l'action du service public
  • Une Fonction publique plus ouverte et plus attractive
  • Des parcours professionnels plus riches et diversifiés
  • Des employeurs publics attentifs aux agents, à la qualité de vie au travail et à l'innovation
  • Une offre de service ressources humaines renforcée.
La CFDT sera vigilante pour que cette consultation ne devienne pas une opération de communication politique et que les résultats ne justifient pas la mise en place de réformes déjà décidées dans le secret des cabinets.
Pour autant, les agents peuvent se servir de cette plateforme pour témoigner de ce qu’ils vivent quotidiennement au travail et de tout ce qu’ils souhaitent voir améliorer.
Nota : Le Forum de l’action publique (https://www.forum-action-publique.gouv.fr/) s’adresse strictement aux usagers et agents publics des services, collectivités et établissements des Fonctions publiques de l’État, de la Territoriale et de l’Hospitalière. 

mardi 5 décembre 2017

ÉTAT : CALENDRIER DES PAYES ET PENSIONS 2018

Ce calendrier est en application sur le GHLRRA.
Image associée

À télécharger :
Le calendrier prévisionnel des dates de paiement des payes et des pensions des fonctionnaires et retraités de l’État.
Rappel décembre 2017 : payes virement le jeudi 21  - pensions virement le vendredi 22. 
Le versement effectif peut varier d’une journée selon les établissements bancaires

Une nouvelle équipe élue au 33ème congrès de la Fédération

Le 33ème congrès de la Fédération s'est tenu du 21 au 24 novembre 2017 à Vannes.


Une nouvelle équipe élue au 33ème congrès de la Fédération
La résolution votée à 84% donne un mandat sans réserve à la nouvelle équipe dirigée par Evelyne RESCANIERES, nouvelle secrétaire générale élue.
Après 8 ans de mandat remplis par Nathalie CANIEUX à la gouvernance de la Fédération, celle-ci a rendu compte lors de ce congrès des quatre ans passés avec le vote du rapport d’activité à 76,11%.


jeudi 30 novembre 2017

LA LETTRE ÉLECTRONIQUE UFFA CFDT

La CFDT vous propose une lettre électronique bimensuelle pour suivre toutes les actualités de la Fonction publique. Si vous souhaitez la recevoir directement dans votre boite aux lettres email, merci d'entrer vos adresse email ci-dessous. Vous aurez la possibilité de vous déinscrire à tous moments.

mercredi 29 novembre 2017

LE COMPTE À REBOURS EST LANCÉ POUR LES ÉLECTIONS FONCTION PUBLIQUE

Près de 5,5 millions d’agents publics éliront leurs représentants le 6 décembre 2018. Un scrutin capital pour la CFDT. Pour remporter ce défi, la campagne s’organise.
Officiellement lancée par Laurent Berger pendant le grand rassemblement du 3 octobre dernier qui a réuni 10 000 militants à Paris, la campagne pour les élections professionnelles de décembre 2018 dans les fonctions publiques sera le fil rouge de l’année à tous les niveaux de l’organisation. Gagner du terrain dans les administrations, les écoles et les lycées, les hôpitaux, les centres médico-sociaux, les collectivités territoriales, à La Poste ou encore chez Orange permettrait à la CFDT, devenue première organisation syndicale dans le secteur privé en mars 2017, d’accéder à la première place tous secteurs confondus.
Difficile, dans cette campagne, de faire abstraction du contexte : gel du point d’indice, rétablissement du jour de carence, report du calendrier du protocole PPCR, mais aussi Comité Action publique 2022. « Nous serons sans doute percutés par l’actualité en 2018, avec des réformes dont on souhaite qu’elles prennent en compte l’intérêt général. Mais la vie ne s’arrête pas pour autant », a souligné la secrétaire nationale Jocelyne Cabanal lors de la réunion des « référents élections fonction publique » des fédérations concernées et des unions régionales, le 20 octobre dernier.
Affirmer la différence syndicale de la CFDT
   
Élections, mode d’emploi
Qui vote ?Les fonctionnaires, titulaires ou stagiaires, les contractuels de droit public ou privé, les ouvriers d’État, les enseignants des établissements privés sous contrat, les fonctionnaires d’Orange ou de La Poste sont appelés à voter le 6 décembre 2018.
Pour quelles instances ?Pas moins de 22 000 instances représentatives vont être renouvelées. Il s’agit des comités techniques, instances de concertation sur l’organisation du travail, les effectifs, la politique indemnitaire, l’égalité professionnelle, la lutte contre les discriminations, la protection sociale complémentaire. Les titulaires éliront aussi leurs représentants dans les commissions administratives paritaires (CAP), chargées du suivi individuel de leur carrière (mutations, avancement) et de rendre un avis en cas de sanction disciplinaire. Ces mêmes questions sont gérées au sein des commissions consultatives paritaires (CCP) pour les contractuels.
Des enjeux nationauxLes évolutions de chacun des trois versants de la fonction publique sont soumises à un conseil supérieur dédié à l’échelle nationale : conseil supérieur de la fonction publique d’État (CSFPE), de la territoriale (CSFPT) et de l’hospitalière (CSFPH). Un conseil commun de la fonction publique (CCFP) chapeaute l’ensemble. Les sièges au sein de chaque instance sont attribués en fonction des résultats obtenus dans tous les comités techniques respectifs. À l’issue du scrutin de 2014, la CFDT avait obtenu 6 sièges au CCFP, la CGT 8, FO 6, l’Unsa 3, la FSU 2 et Solidaires 2, les autres organisations (la CFTC, la CGC et la FA-FP) se répartissant les trois sièges restants.
   
Si la campagne sera coordonnée tout du long par la CFDT-Fonctions publiques avec le soutien de la Confédération, elle laisse la part belle aux initiatives de chacun. Car c’est aussi localement que la CFDT fait la preuve de sa différence syndicale : proximité aux agents, écoute de leurs réalités et réponses concrètes à leurs préoccupations. Fédérations et unions se sont fixé des objectifs de progression par rapport aux résultats de 2014.En Normandie, les marges de progression ont été identifiées en scrutant les résultats de 2014. « Nous devons améliorer les résultats à l’Insee, dans la police, la justice et à l’Éducation nationale. Nous devons aussi renforcer notre présence dans les directions départementales interministérielles », détaille Martine Levasseur. Autre approche en Occitanie : « Nous allons proposer aux équipes des ciblages revendicatifs, autour de l’égalité professionnelle ou de l’action publique dans les espaces ruraux, explique Joachim Dendeviel. Dès novembre, des réunions territoriales associant syndicats et unions départementales sont programmées. » En Centre-Val de Loire, une journée sur l’action publique, à laquelle sont conviés militants et adhérents du public et du privé, est prévue le 15 décembre prochain. Objectif : « Dialoguer entre citoyens, explique Cécile Thiberge, membre du bureau de l’Union régionale, car la question, ce n’est pas le nombre de fonctionnaires, mais les services publics dont nous avons besoin. »
Dans cette diversité, coordonner les actions de campagne entre fédérations et unions régionales interprofessionnelles sera capital pour éviter doublons et déperdition d’énergie. L’Uffa (Union des fédérations de fonctionnaires et assimilés) a ouvert à cet effet un espace dédié, « Élections professionnelles FP 2018 », sur son site uffa.cfdt.fr. Chacun pourra y piocher à sa guise les tracts mis à disposition. « Nous proposons des tracts à vocation générale sur des thématiques transversales, le télétravail, la protection sociale complémentaire ou la santé-sécurité au travail, en laissant les thèmes professionnels à chaque fédération », précise sa secrétaire générale, Mylène Jacquot. De son côté, Interco publiera début 2018 un Guide de l’agent public, « destiné à tous nos futurs électeurs et que d’autres fédérations souhaitent également diffuser », explique Claire Le Calonnec, la secrétaire générale de la Fédération Interco. À l’automne, un guide juridique outillera les militants.
Des formations CFDT d’aide à la constitution des listes
Dans les sections, la constitution des listes est d’ores et déjà une préoccupation de tous les instants. Avec une nouveauté en 2018 puisque la mixité proportionnelle entre en vigueur dans le public. Comme dans le privé, les listes devront comporter une proportion de femmes et d’hommes conforme aux effectifs. Si tous approuvent la mesure, sa mise en œuvre suscite quelques appréhensions. « Nos métiers sont fortement féminisés et l’enjeu sera de trouver des candidats, nous allons devoir déstresser nos équipes sur ce sujet », explique Liliane Dassis, de la Fédération Santé-Sociaux.
La formation est à ce titre une étape indispensable, d’autant plus que de nombreux militants nouvellement élus en 2014 n’ont pas la mémoire de la campagne précédente. « Nous proposons deux formations : l’une vise à mobiliser des candidats, l’autre à faire voter CFDT », indique Michèle Berrada, de l’Union régionale interprofessionnelle d’Île-de-France. Certains, comme le Sgen-CFDT, misent sur les applications numériques pour améliorer la gestion des contacts avec les candidats potentiels : « Nous avons adopté un outil pour construire les listes de façon collaborative, afin de consacrer le maximum de notre temps au terrain », explique Élisabeth Ritzenthaler. Car s’il est un constat unanime, c’est que rien ne remplace le contact direct pour convaincre les collègues d’adhérer, de se présenter et de voter CFDT. « Si les agents ne peuvent pas accrocher au sigle “CFDT” la tête d’un gars ou d’une fille, cela n’ira pas ! », résume Sophie Morin, de la CFDT-Défense. Ce sera aussi l’enjeu d’organiser des débats car « il faut expliquer et réexpliquer sur les territoires et dans les services les positionnements CFDT », souligne Karine Berger, de Poitou-Charentes. Tous les responsables de la CFDT-Fonctions publiques comme de la Confédération sont d’ailleurs mobilisés pour y participer.
Des cartes-pétitions impliquant les agents
Les ressources ne manquent pas en vue de faciliter le dialogue. Mylène Jacquot a rappelé le succès des cartes-pétitions. Après les 10 000 premières cartes remises à l’Élysée le 10 octobre dernier par la secrétaire générale de l’Uffa, la secrétaire générale de la Fédération Santé-Sociaux, Nathalie Canieux, et la secrétaire nationale Jocelyne Cabanal, 20 000 supplémentaires sont arrivées depuis ce jour à l’Uffa, qui encourage les militants à amplifier le mouvement. Les cartes, qui résument les revendications CFDT, permettent d’amorcer le dialogue avec les agents et de les impliquer en les invitant à signer. Autre outil, les résultats de l’enquête Parlons travail : « Nous pouvons fournir des kits d’animation en vue d’organiser un temps d’échange avec les agents sur leur travail », détaille le secrétaire confédéral Thibaut Sellier. Des débats qui feront écho au livre L’Autre Trésor public, attendu en février-mars 2018 en libraire, qui réunit les témoignages d’agents publics, tous secteurs confondus, sur leurs conditions de travail, leurs attentes et leur vision du service public. C’est tout le sens de cette campagne.

Infirmiers , ceci est à votre service : Courrier intersyndicale contre l'ordre infirmier :

L'intersyndicale contre l'ordre infirmier propose un courrier type à transmettre aux directions de vos établissements. A utiliser sans modération !
Courrier intersyndicale contre l'ordre infirmier






lundi 27 novembre 2017

La situation des EHPAD est grave : Le SYNCASS-CFDT appelle à signer la pétition FHF

PolitiquesPubliques CP

Le Syndicat CFDT Santé Sociaux de Charente Maritime, vous invite à lire le communiqué en pièce jointe et à signer la pétition en ligne.


EN BREF : La présentation par les pouvoirs publics de la réforme de la tarification des EHPAD, affirmant que tous les secteurs, globalement, sortent gagnants d’une réforme qualifiée de « généreuse et vertueuse » n’a pas désamorcé les inquiétudes exprimées depuis l’été. 
Les pouvoirs publics restent sourds, le Président de la République n’a pas répondu à la lettre des professionnels du 20 octobre dernier. Les directeurs et les personnels connaissent bien les situations concrètes, le plus souvent éloignées de la communication officielle mais exposées crûment aux projecteurs de la communication médiatique. 

Le soin et l’accompagnement de nos ainés est l’affaire de tous ! Toutes les actions sont nécessaires pour aboutir : le SYNCASS-CFDT soutient l’initiative prise par la FHF et vous invite à signer et faire signer la pétition. 


vendredi 24 novembre 2017

[ENTRETIEN] MARTIN WINCKLER : “LES MÉDECINS NE SONT PAS FORMÉS À TRAITER LES CHOSES DE LA VIE”

Médecin et romancier à la fois, Martin Winckler est devenu célèbre avec La Maladie de Sachs, récit de la vie quotidienne d’un jeune médecin de campagne. Aujourd’hui installé au Canada, il offre dans son dernier livre Les Brutes en blanc une critique féroce du système médical français. Entretien sans concessions.
Le sous-titre de votre dernier ouvrage, Les Brutes en blanc, est La maltraitance médicale en France. Quelles ont été les réactions du monde médical ?
Violentes de la part de quelques-uns, positives de la part de beaucoup. Deux jours après la sortie du livre, le Conseil national de l’Ordre des médecins a produit un communiqué disant que je caricaturais la profession et que 97 % des Français étaient heureux de leur médecin. Ce qui ne veut strictement rien dire, parlant d’un sondage réalisé par l’Ordre lui-même !
La maltraitance médicale, c’est un peu comme les violences au sein du couple, c’est difficile de dire « mon médecin me maltraite », parce que l’on en a honte – et on n'est pas cru ! Sur mon blog (www.martinwinckler.com), je reçois tous les jours des témoignages de femmes qui ont subi des examens gynécologiques violents, des refus d’avortement ou de mauvaises indications de
   
Parcours
1955 Naissance à Alger de Marc Zaffran (Martin Winckler).
1961 La famille Zaffran quitte l’Algérie et s’installe à Pithiviers (Loiret).
1982 Diplômé de la faculté de médecine de Tours, il devient médecin de campagne dans la Sarthe et collabore à la revue Prescrire.
1989 Parution de son premier roman, La Vacation(P.O.L, 208 pages).
À partir de 1993 Se consacre à la littérature tout en exerçant au Centre de planification et au centre d’IVG de l’hôpital du Mans.
1998 Publication de La Maladie de Sachs (éditions P.O.L, 480 pages), prix du Livre Inter, adapté au cinéma par Michel Deville, et qui sera suivi de nombreux romans, essais et ouvrages de vulgarisation médicale.
2009 Émigre à Montréal, où il écrit Le Chœur des Femmes (P.O.L). Enseigne aux étudiants en médecine, à l’Université McGill et à l’université d’Ottawa.
2016 Les Brutes en blanc (Flammarion, 368 pages).
   
contraception, des remarques humiliantes sur leur poids ou des propos réprobateurs parce qu’elles choisissent de ne pas avoir d’enfant. En ce moment, toutes les violences subies par les femmes s’expriment : les violences dans le couple ou au travail. Que ce soient les brutalités conjugales, les maltraitances médicales ou le viol. Les réseaux sociaux libèrent la parole des femmes et provoquent un effet d’émulation, ce que je trouve très bien. Il faut que ça soit dit haut et fort.

Quand la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a soulevé la question des violences obstétricales, notamment les épisiotomies, trop systématiques, les gynécologues ont contesté les chiffres évoqués…
La ministre a cité un chiffre issu d’une enquête réalisée par sa propre association. En réalité, en France, la moyenne des femmes qui subissent une épisiotomie quand elles accouchent est entre 25 et 30 %. Le Centre hospitalier de Besançon, par exemple, n’en pratique que dans 3 % des cas ; cela veut dire qu’ailleurs, on est largement au-dessus de la moyenne !
Fixer une norme de moins de 5 % d’épisiotomies, ce serait parfait, mais c’est impossible à imposer. Beaucoup de médecins font ce qu’ils veulent, ils pensent savoir mieux que vous ce qui est bon pour vous. En France, l’hôpital est un service public à l’intérieur duquel certains se comportent encore comme des marquis. Les patrons de CHU, qui ont été créés par la loi de 1958, dirigent tout à la fois l’enseignement, la recherche et le soin. Un chef de département a tout pouvoir.
Si un chef d’obstétrique est opposé à l’avortement ou à la ligature des trompes, cela ne se fera pas dans son service. Les droits des citoyens ne sont pas respectés quand un médecin considère ainsi qu’il est au-dessus des lois.

La médecine est-elle sexiste ?
Elle l’est comme la société. Pas moins. Mais en plus, l’enseignement de la médecine est centré sur l’homme, qui n’a qu’un seul événement physiologique dans sa vie, la puberté, et ne consulte qu’en cas d’accident ou de maladie.
Ces événements sont bien plus nombreux chez la femme : les règles, les fausses couches, la première grossesse menée à terme, l’accouchement, l’allaitement, le post-partum, la ménopause… Entre 13 et 53 ans, les femmes vivent pendant quarante ans des événements physiologiques majeurs.  Et pourtant, alors qu’en France, il y a moins de diabétiques que de femmes qui souffrent de leurs règles, beaucoup de ces femmes ne sont pas soignées. Les médecins ne sont pas formés à traiter les choses de la vie. Ils sont démunis quand ils y sont confrontés, ou alors cela ne les intéresse pas.

winckler jmelin2017Pourquoi ce désintérêt ?
L’enseignement de la médecine est focalisé sur les maladies graves ou les événements nobles : l’accouchement est noble, l’avortement ne l’est pas. Les médecins, et ça part d’un bon sentiment, veulent vous éviter d’être malade. Un médecin de famille qui voit un patient mourir d’une maladie rare et grave va la rechercher chez tous ses patients. Il ne veut pas que cela lui arrive de nouveau, il a peur de passer à côté. Il est victime d’un biais de perception et focalise sur ce risque en négligeant les souffrances bénignes, mais plus fréquentes, qui pourrissent la vie quotidienne. La santé d’une population dans un pays développé, ce n’est pas la recherche exclusive des maladies graves, c’est la prévention, informer les gens pour qu’ils ne tombent pas malades. En commençant par les écouter. C’est avant tout un rôle de soignant. Ils n’y sont pas formés.

Les étudiants en médecine sont-ils formés à prendre en compte la psychologie des patients ?
Dans certaines facultés, on le fait, mais c’est récent. Et, en France, chaque faculté décide du contenu de ses enseignements. Au Canada, elles ont des obligations de formation des médecins, identiques dans toutes les provinces, même si celles-ci sont indépendantes sur le plan des politiques de santé. Le monde médical anglo-saxon est soumis à une forte compétition, mais se caractérise aussi par le partage et la collégialité.
Et par la transdisciplinarité : dans les congrès, médecins, infirmières et psychologues se côtoient, cela permet de croiser les approches. En France, culturellement, cela ne se fait pas, c’est chacun chez soi.

C’est une question de hiérarchie sociale ?
La médecine française a un comportement de caste élitaire, qui méprise les autres professionnels de santé. Au CHU de Montréal, la délivrance des soins est organisée par les cadres infirmiers, et les médecins se plient à cette organisation car ils font partie d’un système au service des patients. Un chef de département est élu pour quatre ou cinq ans par ses pairs dans le cadre d’une commission collégiale.

 Les jeunes générations de médecins français n’ont-elles pas envie de faire bouger les lignes ?
Beaucoup ont un désir de changement, mais d’autres, très nombreux, participent à un phénomène de reproduction sociale, qu’ils en soient conscients ou non. Ce que je critique, c’est la structure, le système, pas les individus. Si l’on n’introduit pas des réformes radicales dans l’enseignement, le mode de recrutement des médecins et la hiérarchie hospitalière, si l’on ne change pas la pyramide pour un système plus égalitaire, rien ne bougera. Le savoir, surtout le savoir en santé, concerne tout le monde et il doit être partagé. Il n’est pas la propriété des médecins.

 Que pensez-vous de la défiance vis-à-vis de la vaccination, qui a redoublé d’intensité au moment de l’annonce des nouvelles obligations vaccinales ?
Tous les vaccins ne sont pas identiques. Autant il est justifié de vacciner contre la poliomyélite, qui est une maladie très contagieuse, ou la rougeole, autant pour certains vaccins, ça devrait être du cas par cas, selon le contexte et l’individu. Toutes les décisions publiques en matière de santé sont fondées sur la peur induite par les industriels. Prenons le cas de la grippe A-H1N1. 
La décision de vacciner a été prise alors qu’on savait que cette grippe était bénigne, l’Organisation mondiale de la santé l’avait déclaré.
Le virus, qui avait déjà touché l’hémisphère Sud, avait fait moins de morts que lors des vagues de grippe antérieures. Mais l’industrie avait depuis très longtemps préparé les gouvernements à l’idée d’une pandémie et « prédit » des millions de morts si l’on ne vaccinait pas. En France, les patients n’ont pas suivi. Résultat : pas d’hécatombe, mais des millions d’euros en vaccins inutilisés. 

Tout de même, se faire vacciner, c’est important pour se protéger soi, mais aussi les autres…
Oui, et c’est la responsabilité des pouvoirs publics. Au Royaume-Uni, il n’y a pas de vaccination obligatoire, et pourtant la couverture vaccinale est de 95 %. Pourquoi ? Parce que les gens sont informés sur chaque vaccin et on les encourage au lieu de les menacer. Il y a de la communication entre les médecins et les patients, les médecins anglais sont formés à être à l’écoute. En France, la médecine est hiérarchisée, autoritaire.
Le monde médical fonctionne comme une église. On endoctrine les étudiants afin qu’ils aient une fonction apostolique. On leur inculque « la bonne parole » qu’ils ont pour mission de diffuser par tous les moyens.
La notion de liberté individuelle et d’autonomie de la personne n’existe pas. Dans les pays anglo-saxons, votre vie vous appartient et le rôle du médecin est de vous soutenir quels que soient vos choix : suivre le traitement proposé ou non, avoir des enfants ou se faire stériliser, etc. C’est pour cette raison qu’en Angleterre, on a développé les soins palliatifs aux cancéreux en phase terminale depuis 1945 et qu’au Canada, l’assistance médicale à mourir a été légalisée. En France, nous sommes encore dans une idéologie de la vie à tout prix et de la douleur rédemptrice…  

©Photos Joseph Melin