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« Nous devons combttre la “phobie” du pauvre »
Véronique Fayet, Présidente du secours catholique
Pourquoi la France ne parvient-elle pas à mener une politique plus efficace contre la pauvreté ?
Notre système de protection sociale est l’un des meilleurs au monde. Pour autant, il n’est pas le plus efficace, en effet. Près de 2 millions de personnes vivent avec moins de 600 euros par mois. Avec 70 000 bénévoles, le Secours catholique accueille chaque année près de 1,5 million de « très pauvres ». Bien que les aides sociales amortissent le phénomène, ces personnes ne peuvent pas s’en sortir. Car cette grande pauvreté se traduit par trop de privations. La santé et l’alimentation en tête. C’est pour cette catégorie-là surtout qu’une augmentation des minima sociaux serait utile. Car il est impossible de mener une recherche d’emploi lorsque l’on vit dans un sentiment de peur ou d’insécurité permanent.
L’aspect pécuniaire ne résout pas tout. Quelles sont les autres dimensions à intégrer dans la lutte contre la précarité ?
Les personnes qui vivent dans une grande précarité ne sont pas « que » pauvres. Elles se battent au quotidien. Beaucoup d’entre elles rejoignent nos équipes de bénévoles et ainsi passent de l’aide à l’entraide, tout aussi importante. Elles ont besoin de se resocialiser, d’être utiles, de contribuer, de se sentir « appartenant » à la société. Et elles font preuve de beaucoup de courage avec les conditions de vie qu’elles connaissent.
Nous avons lancé cette année une campagne contre les préjugés pour combattre « la phobie du pauvre ». Nous interpellons les élus dans toute la France. S’ils s’autorisent à stigmatiser les pauvres, pourquoi l’opinion publique changerait-elle ? Au contraire, nous pensons que chacun doit se sentir concerné par la pauvreté : politiques, employeurs, enseignants, médecins, etc. C’est la société entière qui doit se mobiliser.
Accueilli favorablement par les associations, le plan de lutte contre la pauvreté du gouvernement peut-il tenir ses promesses ?
Tout va dépendre de la gouvernance et de l’application du plan. Pour réussir, il faut mettre en place trois leviers groupés et indissociables : une augmentation du revenu minimum, un accompagnement social, un parcours vers l’emploi. Surtout, il faut travailler sur ces mesures avec les personnes qui ont cette expérience de la pauvreté. Nous avons lancé des ateliers collectifs de recherche d’emploi qui réussissent formidablement bien. Or l’on sait que plus de la moitié des bénéficiaires du RSA actuellement sont isolés et non accompagnés.
Propos recueillis par Claire Nillus
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©Christophe Hargoues – Secours Catholique |