Sources: TSA
La CFDT se mobilise pour que les salariés se comptent
03/03/2017
Alors
que la CGT, FO et Sud mobilisent leurs troupes pour la grève du 7 mars,
la fédération santé-sociaux de la CFDT lance une grande enquête
nationale auprès des personnels des hôpitaux et maisons de retraite pour
connaître l'état réel des effectifs. Les syndicalistes entendent ainsi
alerter les candidats de la présidentielle sur les difficultés du
secteur.
La placide responsable de la fédération santé-sociaux Nathalie Canieux
donnait, ce jeudi 2 mars dans ses locaux avenue Simon Bolivar (Paris
19), le sentiment d'une grande fatigue. Comme si les réalités sociales
devenaient de plus en plus difficiles, malgré les beaux discours
notamment ministériels. Dans un climat de grande confusion politique et
professionnelle (avec les bagarres entre employeurs associatifs - lire
encadré), la fédération qui affirme avoir augmenté ses effectifs (elle
revendique 87 000 adhérents) a décidé de reprendre l'initiative.
Dans la semaine du 13 au 19 mars, elle invite les salariés à remplir
un questionnaire très complet "On est combien aujourd'hui ?". Objectif :
mieux connaître les réalités salariales dans les hôpitaux et les
maisons de retraite (sur la situation dans les Ehpad, lire notre enquête publiée en novembre 2016).
Par-delà les chiffres globaux, la fédération CFDT veut comprendre les
réalités vécues par chacun. Travailler dans une équipe de dix soignants
dont la moitié ne sont titulaires n'est pas tout à fait pareil en termes
de fonctionnement que d'évoluer dans un collectif où presque tout le
monde a un contrat stable.
Le 7 mars doit être, selon la fédération, l'occasion de provoquer un
"charivari pour la santé, le social et le médico-social". Explication de
texte par la secrétaire générale : "Les salariés doivent se montrer et
expliquer à la population la réalité qu'ils vivent dans les
établissements. Il nous semble plus important d'alerter." En clair, la
CFDT ne croit pas trop aux vertus de la mobilisation syndicale
traditionnelle (grève et manifestation nationale) telle qu'elle est
souhaitée par le trio contestataire CGT - FO et Sud. Lequel appelle à
l'action le 7 mars (lire notre article).
Pour autant, indique Nathalie Canieux, des équipes locales CFDT se sont
associées aux militants CGT (les relations avec FO sont beaucoup plus
épineuses) pour des initiatives communes ce 7 mars.
Cette enquête s'inscrit dans un double cadre. Au niveau européen, des
enquêtes similaires sont organisées dans différents pays auprès des
personnels soignants, suivant en cela l'exemple d'un syndicat...
anglais. Le fait de limiter cet exercice aux personnels soignants - les
champs du handicap, de la protection de l'enfance ou de l'aide à
domicile (2) ne sont, pour l'instant, pas concernés - est lié à ce cadre
européen, l'objectif étant de dégager une photographie européenne des
réalités salariales des personnels soignants.
L'autre cadre dans lequel s'inscrit cette enquête est la campagne lancée en 2015 par trois fédérations de la CFDT
(santé-sociaux, Interco et Sgen) visant à affirmer que "le social est
une richesse". L'optique de cette démarche qui se décline par des
rencontres régionales (la prochaine est fixée au 30 mars en Bretagne)
est de réhabiliter les métiers du social et de sortir d'une optique en
coût alors que la CFDT - comme les autres syndicats et les fédérations
du secteur - estiment que c'est un investissement pour l'avenir.
Pour la CFDT, l'enjeu est clair : convaincre les futurs responsables
du pays que s'ils continuent sur les traces des politiques menées par
Roselyne Bachelot et Marisol Touraine, il n'y a pas de raison que ce qui
a échoué hier réussisse demain. L'urgence de cette prise de conscience
est d'autant plus forte que le vote pour le Front national pourrait bien
progresser fortement parmi les personnels soignants et plus
généralement parmi tous ceux qui vivent au quotidien la dégradation des
conditions de vie des plus fragiles.
(1) L'intégralité du questionnaire sera rendu public le 7 mars. Renseignements sur le site de la fédération
(2) Notre numéro de mars de tsa propose une enquête sur "le ras-le-bol des aides à domicile".
"On est combien aujourd'hui ?"
Un charivari pour la santé et le médico-social
Une enquête pour sortir de la schizophrénie..
.
Au niveau national, le constat de la fédération santé-sociaux est
implacable : le secteur est prisonnier d'un double discours. En gros,
tout le monde dans la population et parmi les politiques encensent les
professions du soin et de l'accompagnement, mais les réalités vécues par
les salariés, en matière de conditions de travail, de considération et
de revenus sont de plus en plus difficiles. Pour sortir de cette
schizophrénie, les syndicalistes veulent à la fois multiplier les
opérations de visibilité de professionnels et avoir des données
objectives sur les réalités salariales. D'où cette enquête en ligne qui
explore la question du statut (titulaire, CDD, intérim), du nombre
d'heures, de l'état de l'équipe. Des questions plus qualitatives
concernent la qualité des soins, la sécurité des patients. Il est
également demandé aux salariés d'indiquer si "des normes obligatoires
fixant les effectifs (d'infirmiers/patients, aides-soignants/patients)
devraient être appliquées par type de service" (1).
... avec des enquêtes similaires chez nos voisins
"Le social est une richesse"
Attention à ne pas individualiser tous les sujets !
Nathalie Canieux tonne (calmement) contre les débats surréalistes
qu'elle entend dans la campagne présidentielle. "Les 39 heures à
l'hôpital, ce n'est absolument pas la solution alors que les personnels
font des tonnes d'heures supplémentaires", estime-t-elle. Elle se méfie
également de la proposition (défendue par Emmanuel Macron) visant à
supprimer les OPCA pour que les salariés aient plus facilement accès aux
formations. "Attention à ne pas individualiser tous les sujets !",
affirme la syndicaliste.
Le vote FN progresse chez les soignants
(1) L'intégralité du questionnaire sera rendu public le 7 mars. Renseignements sur le site de la fédération
(2) Notre numéro de mars de tsa propose une enquête sur "le ras-le-bol des aides à domicile".
"Dans la branche, la situation est absurde" |
Au lendemain de la réunion de la commission paritaire de la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (Bass), la fédération santé-sociaux tapait du poing sur la table en dénonçant l'irresponsabilité des fédérations d'employeurs qui, du fait, de leur division extrême menace le fonctionnement de toute la branche. Lors de cette conférence de presse, Nathalie Canieux en a remis une louche en disant qu'il n'est pas possible d'attendre la publication des arrêtés de représentativité (qui pourrait intervenir en octobre 2017) pour que Nexem et la Fehap se mettent d'accord sur un modus vivendi. La secrétaire générale de la fédération estime que "la faiblesse des fédérations d'employeurs" n'aide pas à faire prendre conscience aux pouvoirs publics de l'urgence de la situation sociale". |
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