jeudi 30 novembre 2017

LA LETTRE ÉLECTRONIQUE UFFA CFDT

La CFDT vous propose une lettre électronique bimensuelle pour suivre toutes les actualités de la Fonction publique. Si vous souhaitez la recevoir directement dans votre boite aux lettres email, merci d'entrer vos adresse email ci-dessous. Vous aurez la possibilité de vous déinscrire à tous moments.

mercredi 29 novembre 2017

LE COMPTE À REBOURS EST LANCÉ POUR LES ÉLECTIONS FONCTION PUBLIQUE

Près de 5,5 millions d’agents publics éliront leurs représentants le 6 décembre 2018. Un scrutin capital pour la CFDT. Pour remporter ce défi, la campagne s’organise.
Officiellement lancée par Laurent Berger pendant le grand rassemblement du 3 octobre dernier qui a réuni 10 000 militants à Paris, la campagne pour les élections professionnelles de décembre 2018 dans les fonctions publiques sera le fil rouge de l’année à tous les niveaux de l’organisation. Gagner du terrain dans les administrations, les écoles et les lycées, les hôpitaux, les centres médico-sociaux, les collectivités territoriales, à La Poste ou encore chez Orange permettrait à la CFDT, devenue première organisation syndicale dans le secteur privé en mars 2017, d’accéder à la première place tous secteurs confondus.
Difficile, dans cette campagne, de faire abstraction du contexte : gel du point d’indice, rétablissement du jour de carence, report du calendrier du protocole PPCR, mais aussi Comité Action publique 2022. « Nous serons sans doute percutés par l’actualité en 2018, avec des réformes dont on souhaite qu’elles prennent en compte l’intérêt général. Mais la vie ne s’arrête pas pour autant », a souligné la secrétaire nationale Jocelyne Cabanal lors de la réunion des « référents élections fonction publique » des fédérations concernées et des unions régionales, le 20 octobre dernier.
Affirmer la différence syndicale de la CFDT
   
Élections, mode d’emploi
Qui vote ?Les fonctionnaires, titulaires ou stagiaires, les contractuels de droit public ou privé, les ouvriers d’État, les enseignants des établissements privés sous contrat, les fonctionnaires d’Orange ou de La Poste sont appelés à voter le 6 décembre 2018.
Pour quelles instances ?Pas moins de 22 000 instances représentatives vont être renouvelées. Il s’agit des comités techniques, instances de concertation sur l’organisation du travail, les effectifs, la politique indemnitaire, l’égalité professionnelle, la lutte contre les discriminations, la protection sociale complémentaire. Les titulaires éliront aussi leurs représentants dans les commissions administratives paritaires (CAP), chargées du suivi individuel de leur carrière (mutations, avancement) et de rendre un avis en cas de sanction disciplinaire. Ces mêmes questions sont gérées au sein des commissions consultatives paritaires (CCP) pour les contractuels.
Des enjeux nationauxLes évolutions de chacun des trois versants de la fonction publique sont soumises à un conseil supérieur dédié à l’échelle nationale : conseil supérieur de la fonction publique d’État (CSFPE), de la territoriale (CSFPT) et de l’hospitalière (CSFPH). Un conseil commun de la fonction publique (CCFP) chapeaute l’ensemble. Les sièges au sein de chaque instance sont attribués en fonction des résultats obtenus dans tous les comités techniques respectifs. À l’issue du scrutin de 2014, la CFDT avait obtenu 6 sièges au CCFP, la CGT 8, FO 6, l’Unsa 3, la FSU 2 et Solidaires 2, les autres organisations (la CFTC, la CGC et la FA-FP) se répartissant les trois sièges restants.
   
Si la campagne sera coordonnée tout du long par la CFDT-Fonctions publiques avec le soutien de la Confédération, elle laisse la part belle aux initiatives de chacun. Car c’est aussi localement que la CFDT fait la preuve de sa différence syndicale : proximité aux agents, écoute de leurs réalités et réponses concrètes à leurs préoccupations. Fédérations et unions se sont fixé des objectifs de progression par rapport aux résultats de 2014.En Normandie, les marges de progression ont été identifiées en scrutant les résultats de 2014. « Nous devons améliorer les résultats à l’Insee, dans la police, la justice et à l’Éducation nationale. Nous devons aussi renforcer notre présence dans les directions départementales interministérielles », détaille Martine Levasseur. Autre approche en Occitanie : « Nous allons proposer aux équipes des ciblages revendicatifs, autour de l’égalité professionnelle ou de l’action publique dans les espaces ruraux, explique Joachim Dendeviel. Dès novembre, des réunions territoriales associant syndicats et unions départementales sont programmées. » En Centre-Val de Loire, une journée sur l’action publique, à laquelle sont conviés militants et adhérents du public et du privé, est prévue le 15 décembre prochain. Objectif : « Dialoguer entre citoyens, explique Cécile Thiberge, membre du bureau de l’Union régionale, car la question, ce n’est pas le nombre de fonctionnaires, mais les services publics dont nous avons besoin. »
Dans cette diversité, coordonner les actions de campagne entre fédérations et unions régionales interprofessionnelles sera capital pour éviter doublons et déperdition d’énergie. L’Uffa (Union des fédérations de fonctionnaires et assimilés) a ouvert à cet effet un espace dédié, « Élections professionnelles FP 2018 », sur son site uffa.cfdt.fr. Chacun pourra y piocher à sa guise les tracts mis à disposition. « Nous proposons des tracts à vocation générale sur des thématiques transversales, le télétravail, la protection sociale complémentaire ou la santé-sécurité au travail, en laissant les thèmes professionnels à chaque fédération », précise sa secrétaire générale, Mylène Jacquot. De son côté, Interco publiera début 2018 un Guide de l’agent public, « destiné à tous nos futurs électeurs et que d’autres fédérations souhaitent également diffuser », explique Claire Le Calonnec, la secrétaire générale de la Fédération Interco. À l’automne, un guide juridique outillera les militants.
Des formations CFDT d’aide à la constitution des listes
Dans les sections, la constitution des listes est d’ores et déjà une préoccupation de tous les instants. Avec une nouveauté en 2018 puisque la mixité proportionnelle entre en vigueur dans le public. Comme dans le privé, les listes devront comporter une proportion de femmes et d’hommes conforme aux effectifs. Si tous approuvent la mesure, sa mise en œuvre suscite quelques appréhensions. « Nos métiers sont fortement féminisés et l’enjeu sera de trouver des candidats, nous allons devoir déstresser nos équipes sur ce sujet », explique Liliane Dassis, de la Fédération Santé-Sociaux.
La formation est à ce titre une étape indispensable, d’autant plus que de nombreux militants nouvellement élus en 2014 n’ont pas la mémoire de la campagne précédente. « Nous proposons deux formations : l’une vise à mobiliser des candidats, l’autre à faire voter CFDT », indique Michèle Berrada, de l’Union régionale interprofessionnelle d’Île-de-France. Certains, comme le Sgen-CFDT, misent sur les applications numériques pour améliorer la gestion des contacts avec les candidats potentiels : « Nous avons adopté un outil pour construire les listes de façon collaborative, afin de consacrer le maximum de notre temps au terrain », explique Élisabeth Ritzenthaler. Car s’il est un constat unanime, c’est que rien ne remplace le contact direct pour convaincre les collègues d’adhérer, de se présenter et de voter CFDT. « Si les agents ne peuvent pas accrocher au sigle “CFDT” la tête d’un gars ou d’une fille, cela n’ira pas ! », résume Sophie Morin, de la CFDT-Défense. Ce sera aussi l’enjeu d’organiser des débats car « il faut expliquer et réexpliquer sur les territoires et dans les services les positionnements CFDT », souligne Karine Berger, de Poitou-Charentes. Tous les responsables de la CFDT-Fonctions publiques comme de la Confédération sont d’ailleurs mobilisés pour y participer.
Des cartes-pétitions impliquant les agents
Les ressources ne manquent pas en vue de faciliter le dialogue. Mylène Jacquot a rappelé le succès des cartes-pétitions. Après les 10 000 premières cartes remises à l’Élysée le 10 octobre dernier par la secrétaire générale de l’Uffa, la secrétaire générale de la Fédération Santé-Sociaux, Nathalie Canieux, et la secrétaire nationale Jocelyne Cabanal, 20 000 supplémentaires sont arrivées depuis ce jour à l’Uffa, qui encourage les militants à amplifier le mouvement. Les cartes, qui résument les revendications CFDT, permettent d’amorcer le dialogue avec les agents et de les impliquer en les invitant à signer. Autre outil, les résultats de l’enquête Parlons travail : « Nous pouvons fournir des kits d’animation en vue d’organiser un temps d’échange avec les agents sur leur travail », détaille le secrétaire confédéral Thibaut Sellier. Des débats qui feront écho au livre L’Autre Trésor public, attendu en février-mars 2018 en libraire, qui réunit les témoignages d’agents publics, tous secteurs confondus, sur leurs conditions de travail, leurs attentes et leur vision du service public. C’est tout le sens de cette campagne.

Infirmiers , ceci est à votre service : Courrier intersyndicale contre l'ordre infirmier :

L'intersyndicale contre l'ordre infirmier propose un courrier type à transmettre aux directions de vos établissements. A utiliser sans modération !
Courrier intersyndicale contre l'ordre infirmier






lundi 27 novembre 2017

La situation des EHPAD est grave : Le SYNCASS-CFDT appelle à signer la pétition FHF

PolitiquesPubliques CP

Le Syndicat CFDT Santé Sociaux de Charente Maritime, vous invite à lire le communiqué en pièce jointe et à signer la pétition en ligne.


EN BREF : La présentation par les pouvoirs publics de la réforme de la tarification des EHPAD, affirmant que tous les secteurs, globalement, sortent gagnants d’une réforme qualifiée de « généreuse et vertueuse » n’a pas désamorcé les inquiétudes exprimées depuis l’été. 
Les pouvoirs publics restent sourds, le Président de la République n’a pas répondu à la lettre des professionnels du 20 octobre dernier. Les directeurs et les personnels connaissent bien les situations concrètes, le plus souvent éloignées de la communication officielle mais exposées crûment aux projecteurs de la communication médiatique. 

Le soin et l’accompagnement de nos ainés est l’affaire de tous ! Toutes les actions sont nécessaires pour aboutir : le SYNCASS-CFDT soutient l’initiative prise par la FHF et vous invite à signer et faire signer la pétition. 


vendredi 24 novembre 2017

[ENTRETIEN] MARTIN WINCKLER : “LES MÉDECINS NE SONT PAS FORMÉS À TRAITER LES CHOSES DE LA VIE”

Médecin et romancier à la fois, Martin Winckler est devenu célèbre avec La Maladie de Sachs, récit de la vie quotidienne d’un jeune médecin de campagne. Aujourd’hui installé au Canada, il offre dans son dernier livre Les Brutes en blanc une critique féroce du système médical français. Entretien sans concessions.
Le sous-titre de votre dernier ouvrage, Les Brutes en blanc, est La maltraitance médicale en France. Quelles ont été les réactions du monde médical ?
Violentes de la part de quelques-uns, positives de la part de beaucoup. Deux jours après la sortie du livre, le Conseil national de l’Ordre des médecins a produit un communiqué disant que je caricaturais la profession et que 97 % des Français étaient heureux de leur médecin. Ce qui ne veut strictement rien dire, parlant d’un sondage réalisé par l’Ordre lui-même !
La maltraitance médicale, c’est un peu comme les violences au sein du couple, c’est difficile de dire « mon médecin me maltraite », parce que l’on en a honte – et on n'est pas cru ! Sur mon blog (www.martinwinckler.com), je reçois tous les jours des témoignages de femmes qui ont subi des examens gynécologiques violents, des refus d’avortement ou de mauvaises indications de
   
Parcours
1955 Naissance à Alger de Marc Zaffran (Martin Winckler).
1961 La famille Zaffran quitte l’Algérie et s’installe à Pithiviers (Loiret).
1982 Diplômé de la faculté de médecine de Tours, il devient médecin de campagne dans la Sarthe et collabore à la revue Prescrire.
1989 Parution de son premier roman, La Vacation(P.O.L, 208 pages).
À partir de 1993 Se consacre à la littérature tout en exerçant au Centre de planification et au centre d’IVG de l’hôpital du Mans.
1998 Publication de La Maladie de Sachs (éditions P.O.L, 480 pages), prix du Livre Inter, adapté au cinéma par Michel Deville, et qui sera suivi de nombreux romans, essais et ouvrages de vulgarisation médicale.
2009 Émigre à Montréal, où il écrit Le Chœur des Femmes (P.O.L). Enseigne aux étudiants en médecine, à l’Université McGill et à l’université d’Ottawa.
2016 Les Brutes en blanc (Flammarion, 368 pages).
   
contraception, des remarques humiliantes sur leur poids ou des propos réprobateurs parce qu’elles choisissent de ne pas avoir d’enfant. En ce moment, toutes les violences subies par les femmes s’expriment : les violences dans le couple ou au travail. Que ce soient les brutalités conjugales, les maltraitances médicales ou le viol. Les réseaux sociaux libèrent la parole des femmes et provoquent un effet d’émulation, ce que je trouve très bien. Il faut que ça soit dit haut et fort.

Quand la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a soulevé la question des violences obstétricales, notamment les épisiotomies, trop systématiques, les gynécologues ont contesté les chiffres évoqués…
La ministre a cité un chiffre issu d’une enquête réalisée par sa propre association. En réalité, en France, la moyenne des femmes qui subissent une épisiotomie quand elles accouchent est entre 25 et 30 %. Le Centre hospitalier de Besançon, par exemple, n’en pratique que dans 3 % des cas ; cela veut dire qu’ailleurs, on est largement au-dessus de la moyenne !
Fixer une norme de moins de 5 % d’épisiotomies, ce serait parfait, mais c’est impossible à imposer. Beaucoup de médecins font ce qu’ils veulent, ils pensent savoir mieux que vous ce qui est bon pour vous. En France, l’hôpital est un service public à l’intérieur duquel certains se comportent encore comme des marquis. Les patrons de CHU, qui ont été créés par la loi de 1958, dirigent tout à la fois l’enseignement, la recherche et le soin. Un chef de département a tout pouvoir.
Si un chef d’obstétrique est opposé à l’avortement ou à la ligature des trompes, cela ne se fera pas dans son service. Les droits des citoyens ne sont pas respectés quand un médecin considère ainsi qu’il est au-dessus des lois.

La médecine est-elle sexiste ?
Elle l’est comme la société. Pas moins. Mais en plus, l’enseignement de la médecine est centré sur l’homme, qui n’a qu’un seul événement physiologique dans sa vie, la puberté, et ne consulte qu’en cas d’accident ou de maladie.
Ces événements sont bien plus nombreux chez la femme : les règles, les fausses couches, la première grossesse menée à terme, l’accouchement, l’allaitement, le post-partum, la ménopause… Entre 13 et 53 ans, les femmes vivent pendant quarante ans des événements physiologiques majeurs.  Et pourtant, alors qu’en France, il y a moins de diabétiques que de femmes qui souffrent de leurs règles, beaucoup de ces femmes ne sont pas soignées. Les médecins ne sont pas formés à traiter les choses de la vie. Ils sont démunis quand ils y sont confrontés, ou alors cela ne les intéresse pas.

winckler jmelin2017Pourquoi ce désintérêt ?
L’enseignement de la médecine est focalisé sur les maladies graves ou les événements nobles : l’accouchement est noble, l’avortement ne l’est pas. Les médecins, et ça part d’un bon sentiment, veulent vous éviter d’être malade. Un médecin de famille qui voit un patient mourir d’une maladie rare et grave va la rechercher chez tous ses patients. Il ne veut pas que cela lui arrive de nouveau, il a peur de passer à côté. Il est victime d’un biais de perception et focalise sur ce risque en négligeant les souffrances bénignes, mais plus fréquentes, qui pourrissent la vie quotidienne. La santé d’une population dans un pays développé, ce n’est pas la recherche exclusive des maladies graves, c’est la prévention, informer les gens pour qu’ils ne tombent pas malades. En commençant par les écouter. C’est avant tout un rôle de soignant. Ils n’y sont pas formés.

Les étudiants en médecine sont-ils formés à prendre en compte la psychologie des patients ?
Dans certaines facultés, on le fait, mais c’est récent. Et, en France, chaque faculté décide du contenu de ses enseignements. Au Canada, elles ont des obligations de formation des médecins, identiques dans toutes les provinces, même si celles-ci sont indépendantes sur le plan des politiques de santé. Le monde médical anglo-saxon est soumis à une forte compétition, mais se caractérise aussi par le partage et la collégialité.
Et par la transdisciplinarité : dans les congrès, médecins, infirmières et psychologues se côtoient, cela permet de croiser les approches. En France, culturellement, cela ne se fait pas, c’est chacun chez soi.

C’est une question de hiérarchie sociale ?
La médecine française a un comportement de caste élitaire, qui méprise les autres professionnels de santé. Au CHU de Montréal, la délivrance des soins est organisée par les cadres infirmiers, et les médecins se plient à cette organisation car ils font partie d’un système au service des patients. Un chef de département est élu pour quatre ou cinq ans par ses pairs dans le cadre d’une commission collégiale.

 Les jeunes générations de médecins français n’ont-elles pas envie de faire bouger les lignes ?
Beaucoup ont un désir de changement, mais d’autres, très nombreux, participent à un phénomène de reproduction sociale, qu’ils en soient conscients ou non. Ce que je critique, c’est la structure, le système, pas les individus. Si l’on n’introduit pas des réformes radicales dans l’enseignement, le mode de recrutement des médecins et la hiérarchie hospitalière, si l’on ne change pas la pyramide pour un système plus égalitaire, rien ne bougera. Le savoir, surtout le savoir en santé, concerne tout le monde et il doit être partagé. Il n’est pas la propriété des médecins.

 Que pensez-vous de la défiance vis-à-vis de la vaccination, qui a redoublé d’intensité au moment de l’annonce des nouvelles obligations vaccinales ?
Tous les vaccins ne sont pas identiques. Autant il est justifié de vacciner contre la poliomyélite, qui est une maladie très contagieuse, ou la rougeole, autant pour certains vaccins, ça devrait être du cas par cas, selon le contexte et l’individu. Toutes les décisions publiques en matière de santé sont fondées sur la peur induite par les industriels. Prenons le cas de la grippe A-H1N1. 
La décision de vacciner a été prise alors qu’on savait que cette grippe était bénigne, l’Organisation mondiale de la santé l’avait déclaré.
Le virus, qui avait déjà touché l’hémisphère Sud, avait fait moins de morts que lors des vagues de grippe antérieures. Mais l’industrie avait depuis très longtemps préparé les gouvernements à l’idée d’une pandémie et « prédit » des millions de morts si l’on ne vaccinait pas. En France, les patients n’ont pas suivi. Résultat : pas d’hécatombe, mais des millions d’euros en vaccins inutilisés. 

Tout de même, se faire vacciner, c’est important pour se protéger soi, mais aussi les autres…
Oui, et c’est la responsabilité des pouvoirs publics. Au Royaume-Uni, il n’y a pas de vaccination obligatoire, et pourtant la couverture vaccinale est de 95 %. Pourquoi ? Parce que les gens sont informés sur chaque vaccin et on les encourage au lieu de les menacer. Il y a de la communication entre les médecins et les patients, les médecins anglais sont formés à être à l’écoute. En France, la médecine est hiérarchisée, autoritaire.
Le monde médical fonctionne comme une église. On endoctrine les étudiants afin qu’ils aient une fonction apostolique. On leur inculque « la bonne parole » qu’ils ont pour mission de diffuser par tous les moyens.
La notion de liberté individuelle et d’autonomie de la personne n’existe pas. Dans les pays anglo-saxons, votre vie vous appartient et le rôle du médecin est de vous soutenir quels que soient vos choix : suivre le traitement proposé ou non, avoir des enfants ou se faire stériliser, etc. C’est pour cette raison qu’en Angleterre, on a développé les soins palliatifs aux cancéreux en phase terminale depuis 1945 et qu’au Canada, l’assistance médicale à mourir a été légalisée. En France, nous sommes encore dans une idéologie de la vie à tout prix et de la douleur rédemptrice…  

©Photos Joseph Melin

OURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, LA RESPONSABILITÉ DE TOUS LES ACTEURS DOIT ÊTRE ENGAGÉE

Résultat de recherche d'images pour "cfdt violence femmes"


Les milliers de tweets sur les réseaux sociaux mettent en avant, depuis quelques semaines, les difficultés rencontrées par les femmes pour dénoncer les faits de harcèlement sexuel, agressions ou viol dont elles sont victimes, dans le cadre de leur travail pour la majorité d’entre elles. Pour la CFDT, la responsabilité de tous les acteurs du travail, organisations syndicales comprises, est engagée.
Si cette actualité permet d’éveiller les consciences, c’est la vigilance collective et l’action au quotidien qui permettront réellement de changer les choses.
Pour la CFDT, il s’agit d’un combat de longue date pour l'égalité entre les femmes et les hommes.Elle travaille depuis longtemps pour l’amélioration de la condition de la femme, au travail comme dans la société et forme ses militants, notamment au travers de journées de travail à l’attention de ses responsables d’organisations. Partout sur le territoire, les militantes et militants CFDT s’engagent pour :
  • accueillir les victimes et les accompagner pour faire valoir leurs droits ;
  • agir auprès des employeurs publics et privés pour qu’ils mettent en œuvre les dispositifs de prévention des violences sexuelles et sexistes au travail.
La CFDT a par ailleurs édité un guide sur la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail(disponible en version pdf sur cfdt.fr).
La CFDT entend jouer pleinement son rôle et sera force de propositions pour sensibiliser, former et protéger les victimes de harcèlement au travail.

mercredi 15 novembre 2017

SEMAINE POUR L'EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPÉES, AU-DELÀ DES INTENTIONS, AGISSONS !


Résultat de recherche d'images pour "cfdt handicap"

A l’occasion de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées, la CFDT rappelle que si l’obligation légale d’emploi a permis d’avancer dans l’insertion et l’emploi pour la population handicapée, la situation reste inacceptable.
Le nombre de demandeurs d’emploi handicapés a augmenté de 46% depuis 2012 : 500 000 chômeurs ont une reconnaissance administrative du handicap et plus d’un quart ont un niveau de diplôme inférieur au CAP. Plus de 100 000 licenciements se font pour inaptitude chaque année et un nombre important de personnes handicapées n’accèdent pas à leurs droits.
La secrétaire d’Etat Sophie Cluzel a récemment exprimé sa volonté d’engager une politique optimiste et énergique concernant l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicapLa CFDT en prend acte et s’en félicite, mais elle attend maintenant la mise en place de mesures concrètes.
Le Gouvernement prévoit 15 milliards d’euros sur cinq ans pour réformer la formation et l’apprentissage, principalement en faveur des jeunes décrocheurs et des chômeurs faiblement qualifiés. Parmi ces publics, de nombreuses personnes vivent avec un handicap.
Pour la CFDT, le patronat doit tenir son engagement pris lors de l’agenda social de 2015 et lancer une délibération sociale sur l’emploi des personnes handicapées.
La CFDT réclame de façon urgente une réunion des partenaires sociaux sur ce thème, pour déterminer les enjeux, les outils et les dispositifs et proposer des solutions.

TÉLÉCHARGEMENT DE FICHIERS

lundi 13 novembre 2017

LA CFDT APPELLE À DES MESURES D’URGENCE POUR LE FINANCEMENT DU FIPHFP

Communiqué de presse de presse Uffa-CFDT n° 8 du 9 novembre 2017
Lors du Comité national du Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans la Fonction publique (FIPHFP) du 9 novembre 2017, une baisse de 25% du budget a été soumise au vote. Pour la CFDT, cette baisse aura inévitablement des conséquences négatives sur l’accompagnement des personnes en situation de handicap dans les fonctions publiques.
Paradoxalement, plus le taux d’emploi des personnes en situation de handicap progresse dans les fonctions publiques plus le FIPHFP voit ses ressources diminuer. La CFDT en appelle au gouvernement pour que des mesures d’urgence soient mises en œuvre dès 2018 afin de permettre au FIPHFP de continuer à soutenir l’emploi des personnes en situation de handicap et ceci dans l’attente de la définition d’un nouveau modèle de financement rendu indispensable.
La CFDT s’est abstenue sur le vote du budget. 

FONCTION PUBLIQUE : LA CFDT MÉCONTENTE DU REPORT DE PPCR

Mécontent smiley image gratuite

La CFDT fonctions publiques et les huit autres organisations syndicales de la fonction publique ont boycotté le Conseil commun de la fonction publique du 6 novembre piur exprimer leur désaccord sur le report d’un an du protocole parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR).
Lors du conseil commun, qui s'est finalement tenu le 8 novembre, toutes les organisations syndicales et ont voté à l’unanimité contre les projets de décret portant sur le report de PPCR et sur les  modalités de compensation de la hausse de 1,7 point de contribution sociale généralisée (CSG), traduction des propositions faites lors du rendez-vous salarial du 16 octobre dernier.
Reports en cascade
« La CFDT n’accepte pas de voir se profiler une année 2018 particulièrement négative pour l’ensemble des agents publics : gel de la valeur du point, rétablissement du jour de carence, augmentation de la cotisation retraite et enfin report du calendrier PPCR » a déclaré en début de séance Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques. « Nous avons proposé un amendement au projet de décret visant à réduire de 6 mois le report de PPCR, afin que 2018 ne soit pas une année blanche, précise Mylène Jacquot, mais nous n’avons pas été entendus. » Autre sujet de mécontentement pour la CFDT Fonctions publiques, la filière sociale qui devait voir son accès à la catégorie A mis en œuvre au 1er février 2018 devra attendre le 1er février 2019. « La proposition qui nous avait été faite n’était déjà pas optimale, aujourd’hui elle est reportée, nous le regrettons car c’est une revendication que nous portions depuis longtemps et qui concerne une filière essentiellement féminine », souligne la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.
La CFDT restera force de propositions
A l’issue du conseil commun du 8 novembre Gérald Darmanin, le ministre de l'Action publique, a confirmé dans un communiqué que le décret prévoyait la mise en œuvre intégrale de PPCR au cours du quinquennat, et qu’il avait accédé aux demandes exprimées par les organisations syndicales de faire bénéficier du mécanisme de compensation de la hausse de la CSG les nouveaux entrants au 1er janvier 2018. « Le ministre nous a confirmé quelques annonces faites lors du rendez-vous salarial, sur la révision d’un certain nombre d’indemnités pour travail de nuit ou pour astreintes et frais de mission, détaille Mylène Jacquot.  Il nous a également précisé qu’il était prêt à engager la discussion sur la participation de l’employeur à la protection sociale complémentaire des agents. Nous avons demandé que ce sujet soit inscrit à l’agenda social de 2018. Dans l’ensemble, notre désaccord reste entier, cela dit la CFDT continuera de faire des propositions pour améliorer le pouvoir d’achat des agents. »


mercredi 8 novembre 2017

LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE MET L’HÔPITAL À RUDE ÉPREUVE

Les députés ont adopté, en première lecture le 31 octobre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. C’est à présent aux sénateurs d’examiner ce texte qui fait reposer une grande partie des efforts sur l’hôpital. Le gouvernement poursuit en effet une politique d’économies à l’œuvre depuis déjà de nombreuses années.
En 2018, les branches « accident du travail », « vieillesse » et « famille » devraient être excédentaires. En revanche, la branche « maladie » accuserait encore un déficit prévisionnel de 800 millions d’euros malgré plus de 4 milliards d’économie projetés. « Ce projet de loi exige des efforts démesurés du secteur hospitalier alors qu’il est déjà dans une tension permanente du fait d’un manque de financement à la hauteur des besoins de la population, souligne le secrétaire confédéral Philippe Le Clézio. Même s’il est toujours possible d’améliorer le fonctionnement des établissements de soins, les gains de productivité obtenus ne peuvent compenser l’évolution naturelle des dépenses liées aux progrès techniques et au vieillissement de la population. »
Tenir un langage de vérité
Ce sous-financement de la branche santé est l’une des raisons principales qui a conduit la CFDT à voter contre le projet de loi dans les différentes caisses de Sécurité sociale. « Chercher à réduire le déficit de la branche santé sans se poser la question de ses ressources est une politique intenable dont pâtissent les assurés comme les personnels, insiste Philippe Le Clézio. Il est temps de tenir un langage de vérité et de demander aux Français quelle part de la dépense de santé ils sont prêts à assumer solidairement. »

mardi 7 novembre 2017

SALARIAL 2018 : LA CFDT FONCTIONS PUBLIQUES BOYCOTTE LE CCFP

Publié le 06/11/2017 à 12H14


Résultat de recherche d'images pour "cfdt salaire"
Communiqué de presse n° 7 de la CFDT Fonctions publiques du 6 novembre 2017

TÉLÉCHARGEMENT DE FICHIERS

lundi 6 novembre 2017

[INTERVIEW] “LES SYNDICATS SONT MORTELS, COMME LES PARTIS POLITIQUES”

Dans un long entretien publié dans Libération le 3 novembre 2017, Laurent Berger fait le point sur les dossier sociaux du moment (les ordonnances et les futures négociations et concertations) mais également sur les relations intersyndicales.
DES « LIGNES ROUGES CFDT » ONT-ELLES ÉTÉ FRANCHIES PAR LES ORDONNANCES PÉNICAUD RÉFORMANT LE CODE DU TRAVAIL ?
Ce n’est un mystère pour personne : il y a des points importants dans les ordonnances avec lesquels la CFDT est clairement en désaccord. Et si notre niveau de critique a augmenté avec le temps, c’est parce qu’entre le moment où elles ont été rendues publiques, le 31 août, et le moment où on a pu les étudier en profondeur, dans les jours qui ont suivi, on a découvert des choses que l’on n’avait pas vues…
QUELS SONT LES PLUS GROS POINTS DE DÉSACCORD ?
La possibilité de décision unilatérale de l’employeur dans les entreprises de moins de 20 salariés, la fusion autoritaire des instances représentatives du personnel, qui ne laisse aucune place à la négociation, ou encore, concernant la gouvernance d’entreprise, l’absence d’avancées sur la codécision ou la place des salariés dans les conseils d’administration.
C’EST DONC UN ÉCHEC POUR LA CFDT ?
Non, car sur d’autres sujets, heureusement, notre travail a porté ses fruits. Il faut se souvenir d’où l’on part. Le projet initial, par exemple, prévoyait la possibilité de négocier sans représentants syndicaux dans toutes les entreprises de moins de 300 salariés. Une mesure dévastatrice pour le syndicalisme, notamment pour la CFDT. On a réussi à faire descendre le seuil à 50 salariés. On a aussi obtenu une hausse de l’indemnité légale de licenciement. Et même si elle n’est que de 25 %, elle va tout de même concerner un million de salariés.
VOUS CONSIDÉREZ DONC QUE VOUS AVEZ SAUVÉ LES MEUBLES ?
Notre position, c’est de dire que ces ordonnances ne représentent ni une casse sociale ni la fin du code du travail, comme le dénoncent certains. Mais ce n’est pas non plus la «vision moderne des relations sociales», comme le revendique le gouvernement. Au final, cette réforme est une occasion ratée, qui aura des conséquences dans les entreprises.
LE SUJET EST DONC DERRIÈRE VOUS ?
Non, il est devant nous ! Et notre terrain d’action, désormais, ce sont les entreprises. Et ce, pour deux raisons. Il va bien sûr falloir se battre sur l’emploi, la protection sociale, les salaires… Mais aussi retisser un lien avec les salariés. Car ce que l’on a constaté, c’est que si ces ordonnances ont suscité du mécontentement chez les militants, les salariés, eux, ne se sont pas vraiment sentis concernés… Nous continuons également, au plan national, à nous battre sur les décrets d’application.
C’EST POUR CELA QUE VOUS N’AVEZ PAS APPELÉ À LA MOBILISATION, PARCE QUE VOUS NE SENTIEZ PAS LES SALARIÉS MOBILISÉS ?
Face à un gouvernement qui est dans une tentation d’affaiblissement des corps intermédiaires, en tout cas pour certains au sein de l’exécutif, la CFDT, en effet, n’a pas voulu offrir une démonstration de faiblesse. Car le problème en France, c’est que le désaccord syndical n’est compris que sous la forme de la manifestation, fût-elle faible.
TOUT DE MÊME, DEUX POINTS ESSENTIELS POUR LA CFDT, ET QUE VOUS AVIEZ RÉUSSI À REPOUSSER EN 2016 - LE PLAFONNEMENT DES INDEMNITÉS PRUD’HOMALES ET LE PÉRIMÈTRE DU LICENCIEMENT -, SE RETROUVENT DANS LES ORDONNANCES. VOUS NE LES ACCEPTEZ PAS UN PEU FACILEMENT AUJOURD’HUI ?
C’est déjà bien de reconnaître que c’est la CFDT qui a permis de faire échec au plafonnement des indemnités prud’homales en 2016. On avait même commencé dès 2015, puisque cette mesure figurait déjà dans la loi Macron, en dénonçant l’inégalité entre salariés des grandes et petites entreprises. Principe confirmé par le Conseil constitutionnel, qui l’avait ensuite censurée. On continue donc à être contre. Nous nous sommes aussi battus pour obtenir un plancher, relever le plafond, et prévoir des cas dérogatoires au plafonnement, au-delà des cas de discrimination et de harcèlement.
SAUF QUE LE NOUVEAU PLAFOND EST ENCORE PLUS BAS QUE CELUI DE 2015…
Nous n’allons pas défendre la mesure, puisque nous sommes contre ! Mais la différence avec 2015 et 2016, c’est qu’entre-temps il y a eu une élection présidentielle… Et que celui qui a été élu l’avait annoncé dans son programme. Même chose sur le périmètre du licenciement. Plus largement, je veux quand même rappeler que ces ordonnances ne sont pas le fruit d’une coproduction entre le gouvernement et la CFDT, ni même avec FO… C’est l’objet de concertations avec les uns et les autres, où chacun a fait valoir ses propositions, ses contre-propositions, ses désaccords. Et, in fine, c’est le gouvernement qui a décidé, en appliquant ce que le Président avait annoncé pendant la campagne…
CERTES, MAIS N’EST-CE PAS UN AVEU DE FAIBLESSE QUE DE DIRE « ON NE VA PAS DANS LA RUE CAR ON NE VA PAS GAGNER…» ?
Le vrai aveu de faiblesse, c’est aller dans la rue sans salariés, juste avec des militants, et sans pouvoir peser sur le contenu. Moi, je considère que la mobilisation syndicale, ce n’est pas simplement la rue. Ce qui ne nous empêche pas de le faire. Parfois même en perdant, comme en 2010, contre la réforme des retraites, avec pourtant des millions de salariés derrière nous. Et le fait est qu’à l’époque, l’image du syndicalisme a nettement baissé dans les enquêtes d’opinion. Donc je l’assume, je ne voulais pas d’une démonstration de faiblesse sur les ordonnances. Je ne voulais pas faire ce cadeau au gouvernement.
MÊME S’IL S’ATTAQUE DIRECTEMENT AUX CAPACITÉS D’ACTION SYNDICALE, EN GÉNÉRALISANT PAR EXEMPLE LA NÉGOCIATION SANS DÉLÉGUÉS SYNDICAUX DANS LES ENTREPRISES DE MOINS DE 50 SALARIÉS ?
Encore une fois, l’exécutif avait prévu un seuil de 300 salariés. Et c’est parce que l’on s’est mobilisés qu’il est redescendu à 50. Mais cette mesure est aussi le symptôme de la faiblesse des syndicats. On paie là notre absence de proximité avec les salariés des TPE et PME. Si nous avions été vraiment implantés dans ces entreprises, cette disposition n’aurait pas pu être adoptée. Preuve en est, au passage : l’une des mesures les plus plébiscitées, à 70 %, par les salariés, c’est justement celle qui leur permet de négocier directement avec l’employeur. Autrement dit, sans les syndicats…
TRISTE CONSTAT…
Oui. Mais maintenant, et avec tous les désaccords qui sont les nôtres et que j’assume, à nous de transformer ces ordonnances en opportunité pour se développer et faire vivre notre type de syndicalisme. C’est un vrai enjeu que l’on est en train de relever, notamment avec une grande initiative CFDT le 9 novembre, pour dire aux salariés : si vous ne voulez pas subir votre travail, agissez, et si vous voulez agir, rejoignez une organisation syndicale, la CFDT. Sans quoi, on nourrit une forme d’amertume qui fera que dans les entreprises, on laissera les choses se faire sans nous. Je ne vois pas d’autre option. On ne fera pas revenir ce gouvernement en arrière. Car nous, contrairement à vous, les journalistes, nous sommes dans les entreprises. Et je vous le redis : les militants étaient mobilisés et mobilisables, pas les salariés.
LA RUE A POURTANT PAYÉ POUR LES ROUTIERS…
Ce qui a payé, c’est surtout la négociation, dans laquelle je me suis beaucoup investi. Là aussi, c’est la CFDT qui a été à la manœuvre. Et ce qui a permis de bouger, ce n’est pas tant la rue que le rapport de force. La question qu’un syndicaliste doit se poser c’est : « Quels sont les éléments de rapport de force, et est-ce qu’ils sont en ma faveur ? »
VOUS AVEZ L’IMPRESSION D’ÊTRE DANS LE VISEUR DU GOUVERNEMENT, COMME LES PARTIS POLITIQUES ?
Dans le viseur, je ne pense pas. Mais on ne ressent pas de volonté particulière de faire avec les corps intermédiaires. En gros, ce sera à nous de démontrer que l’on est incontournables. Si on veut continuer à tenir notre place, il faudra être capable d’être fins et d’aller sur les bons sujets. Je ne critique pas les autres options syndicales, mais on a intérêt à garder notre capacité de mobilisation pour d’autres moments. Car je suis persuadé que le syndicalisme est mortel. Ce qu’il s’est passé pour les partis politiques traditionnels peut arriver aux syndicats. Le meilleur moyen de l’éviter, c’est de ne pas tomber dans une espèce de rôle attendu.
CE QUE FAIT LA CGT ?
Je ne sais pas. Mais ce qui fait la force d’une organisation syndicale, c’est sa présence sur le terrain auprès des salariés, et sa capacité à construire des propositions et des contre-propositions. Et toute autre force qui serait seulement de témoignage, sans pouvoir imposer un certain nombre de choses, se retrouvera reléguée. Car le «monde d’après», à la CFDT, nous l’avons pensé, autant que ce pouvoir, qu’il s’agisse de l’évolution de l’entreprise, des formes de travail, etc.
TROIS GROS DOSSIERS SOCIAUX ARRIVENT SUR LA TABLE. LA RÉFORME DE L’ASSURANCE CHÔMAGE, COMMENT L’ABORDEZ-VOUS ?
On ne sait pas trop où le gouvernement veut aller. Il n’a pas encore dit grand-chose. Mais si l’assurance chômage doit indemniser plus de personnes, notamment les indépendants et les démissionnaires, ce à quoi nous ne sommes pas opposés, cela ne peut pas se faire en réduisant l’indemnisation des autres travailleurs. Il ne peut pas y avoir de baisse des droits existants. Autrement dit, on ne partage pas la misère. Par ailleurs, on veut maintenir un système contributif. C’est-à-dire que l’on veut que le droit à indemnisation soit construit - au-delà d’un socle de solidarité - sur la durée de travail. On veut aussi maintenir un rôle des partenaires sociaux dans la fixation des règles d’indemnisation.
COMMENT FINANCER CETTE RÉFORME, ALORS QUE LE RÉGIME EST DÉJÀ DÉFICITAIRE ?
Ce n’est pas à moi de le dire, mais à ceux qui ont fait des promesses ! Mais pour les indépendants, il va falloir mettre à contribution les plateformes qui les emploient.
SUR LA RÉFORME DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE ?
La formation bénéficie souvent aux plus qualifiés. Il est nécessaire de développer son accès aux moins qualifiés, avec une montée en compétences. Ce qui passe par des dispositifs de certification. Nous devons aussi aller vers un service public de l’accompagnement des parcours professionnels, car certains salariés ont du mal à faire valoir leurs droits.
SUR L’APPRENTISSAGE ?
L’objectif est bien plus consensuel. On sait que l’apprentissage est une voie à développer, notamment pour les jeunes sans qualification. Nous voulons un statut de l’apprenti, avec, là aussi, un accompagnement plus fort, et pas seulement en termes d’insertion dans l’entreprise, mais sur les questions de logement, de transport. Il faut aussi des aides en direction des apprentis. Maintenant, la responsabilité est grande au niveau des branches et des entreprises. Il faut des formules contraignantes pour que les entreprises recrutent davantage d’apprentis.
LES ORGANISMES PARITAIRES COLLECTEURS AGRÉÉS (OPCA) RISQUENT-ILS DE DISPARAÎTRE ?
Les OPCA, si c’est juste une banque, ça ne sert à rien. Par contre, ils ont du sens en termes d’accompagnement des salariés et des entreprises sur un territoire. Certains, comme Laurent Wauquiez, croient que quand à un endroit il y a X emplois à pourvoir, il suffit de mettre en face X chômeurs du même territoire. Or si le chômage ne baisse pas plus fortement alors que la reprise est là, c’est notamment parce que certaines entreprises ne trouvent pas de gens formés. C’est un problème d’adéquation entre les besoins en emplois et la formation des chômeurs.
EMMANUEL MACRON DIT PLUS OU MOINS LA MÊME CHOSE…
C’est une méconnaissance de ce qu’est la réalité de la mobilité géographique. Ça ne marche pas comme cela dans la vie ! Il y a des besoins d’adéquation. Et les OPCA peuvent jouer ce rôle, avec un maillage fin des besoins en emplois et des formations correspondantes.
LES RELATIONS INTERSYNDICALES N’ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI DISTENDUES…
On continue de se parler. On ne s’est jamais vus autant que cet été. Après, certains participants ne voulaient pas que ça se sache, parce qu’ils ne voulaient pas d’ennuis en interne…
MAIS PERSONNE N’A LA MÊME STRATÉGIE…
Si, avec la CFTC et l’Unsa, nous partageons une certaine vision sur la stratégie syndicale. Et avec d’autres, selon les sujets, nous travaillons ensemble.
LES AUTRES ? VOUS SEMBLEZ IRRÉCONCILIABLES…
On n’a pas la même stratégie, mais on se parle. Et arrêtons avec ce mythe de l’unité syndicale coûte que coûte ! On peut reprocher beaucoup de choses à la CFDT, mais on ne peut pas nous attaquer sur notre cohérence. On suit notre ligne. Pour nous, le syndicalisme n’a de sens que s’il répond au quotidien des travailleurs en essayant de construire du «commun». Plutôt que dans la rue, notre effort est mené dans les entreprises. C’est beaucoup moins spectaculaire, mais plus efficace. Car les salariés veulent avant tout qu’on change leur situation. Il suffira alors de tirer le bilan de ce que chaque syndicat a obtenu…
ET AVEC LE MEDEF ?
Le Medef relève du syndicalisme patronal du XXe siècle, qui pense que le lobbying est le seul moyen d’action. Aujourd’hui, certaines organisations patronales ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux. Ce qui ne veut pas dire que c’est le cas dans les entreprises, où l’on trouve des patrons qui ont compris que le dialogue social les fait avancer.
EN TOUT CAS, LE LOBBYING DU MEDEF A L’AIR DE FONCTIONNER, IL A L’OREILLE DU GOUVERNEMENT…
Pas si sûr. Ils ne sont pas ravis de la taxe censée compenser la censure des 3 % sur les dividendes. Ils sont aussi vent debout contre le bonus- malus sur les CDD. Et sur les ordonnances, ils n’ont pas eu tout ce qu’ils voulaient. Pierre Gattaz avait ainsi demandé à ce que les entreprises de moins de 1 000 salariés puissent négocier sans syndicat.
VOUS VOUS REPRÉSENTEZ EN JUIN 2018, LORS DU PROCHAIN CONGRÈS DE LA CFDT ?
La durée moyenne à la tête de la CFDT, c’est une dizaine d’années. J’en serai à cinq, donc oui, je me représente. Je crois pouvoir encore apporter à nos combats